3. L’élévation du mariage à l’ordre du sacrement
L’alliance matrimoniale qu’est le mariage « a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement » (Code de droit canonique, canon 1055 § 1). « Puisqu’il en signifie et communique la grâce, le mariage entre baptisés est un vrai sacrement de la Nouvelle Alliance » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1617). Comme l’explique le concile Vatican II, en recourant à une image traditionnelle dans l’Église, en vertu du sacrement du mariage les époux chrétiens signifient le mystère d’unité et d’amour fécond entre le Christ et l’Église et y participent (cf. constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, n° 11). Pour l’Église, la communion entre Dieu et les hommes trouve son accomplissement définitif en Jésus-Christ, l’époux qui aime et qui se donne comme Sauveur de l’humanité en se l’unissant comme son corps. « Il révèle la vérité originelle du mariage, la vérité du « commencement » (cf. Genèse 2, 24 ; Matthieu 19, 5) et, en libérant l’homme de la dureté du cœur, le rend capable de la réaliser entièrement. Cette révélation parvient à la plénitude définitive dans le don d’amour que le Verbe de Dieu fait à l’humanité en assumant la nature humaine et dans le sacrifice que Jésus-Christ fait de lui-même sur la croix pour son Épouse, l’Église. Dans ce sacrifice se manifeste entièrement le dessein que Dieu a imprimé dans l’humanité de l’homme et de la femme depuis leur création (cf. Éphésiens 5, 32-33) ; le mariage des baptisés devient ainsi le symbole réel de l’alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le sang du Christ. L’Esprit, que répand le Seigneur, leur donne un cœur nouveau et rend l’homme et la femme capables de s’aimer, comme le Christ nous a aimés. L’amour conjugal atteint cette plénitude à laquelle il est intérieurement ordonné, la charité conjugale : celle-ci est la façon propre et spécifique dont les époux participent à la charité du Christ se donnant lui-même sur la croix, et sont appelés à la vivre. Dans une page à juste titre fameuse, Tertullien a bien exprimé la grandeur et la beauté de cette vie conjugale dans le Christ : « Où vais-je puiser la force de décrire de manière satisfaisante le bonheur du mariage que l’Église ménage, que confirme l’offrande, que scelle la bénédiction ; les anges le proclament, le Père céleste le ratifie... Quel couple que celui de deux chrétiens, unis par une seule espérance, un seul désir, une seule discipline, le même service ! Tous deux enfants d’un même père, serviteurs d’un même maître ; rien ne les sépare, ni dans l’esprit ni dans la chair ; au contraire, ils sont vraiment deux en une seule chair. Là où la chair est une, un aussi est l’esprit »(Ad uxorem 2, 8, 6-7) » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Familiaris consortio, n° 13).
Du fait de l’élévation du mariage à l’ordre du sacrement, « entre baptisés, il ne peut exister de contrat matrimonial valide qui ne soit, par le fait même, un sacrement » (Code de droit canonique, canon 1055 § 2), « car, par le baptême, l’homme et la femme sont définitivement insérés dans la nouvelle et éternelle Alliance, Alliance nuptiale du Christ avec l’Église. C’est en raison de cette insertion indestructible que la communauté intime de vie et d’amour conjugal fondée par le Créateur a été élevée et assumée dans la charité nuptiale du Christ, soutenue et enrichie par sa force rédemptrice » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Familiaris consortio, n° 13).
(à suivre…)