« Tandis qu’il se livrait à la souffrance volontaire, pour détruire la mort et rompre les chaînes du diable, fouler aux pieds l’enfer, amener les justes à la lumière, fixer la règle [de la foi] et manifester la résurrection, prenant du pain, il te rendit grâce et dit : « Prenez, mangez, ceci est mon Corps qui est rompu pour vous. » De même le calice en disant : « Ceci est mon Sang qui est répandu pour vous. Quand vous faites ceci, faites-le en mémoire de moi. »
Tel est le récit le plus ancien de l’institution de l’Eucharistie qui, après les Évangiles de saint Matthieu, saint Marc et saint Luc, ainsi que la première épître aux Corinthiens, nous est transmis par la Tradition apostolique, rédigée par sainte Hippolyte aux environs de l’année 225.
Saint Jean souligne, pour sa part, que Jésus, « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jean 13, 1). « Sachant que l’heure était venue de partir de ce monde pour retourner à son Père, au cours d’un repas, il leur lava les pieds et leur donna le commandement de l’amour » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1337) : « Que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’Amour les uns pour les autres » (Jean 13, 34-35). « Pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais s’éloigner des siens et pour les rendre participants de sa Pâque, il institua l’Eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection, et il ordonna à ses apôtres de le célébrer jusqu’à son retour, « les établissant alors prêtres du Nouveau Testament » (concile de Trente) » (Ibid., n° 1337).
Le repas que Jésus prend avec ses apôtres est celui de la Pâque juive. Il part d’un rite préexistant — fraction du pain, coupe de bénédiction — auxquels il donne un sens nouveau. Ses apôtres ne s’y trompent pas qui, dès le début de l’Église, se réunissent avec les baptisés pour célébrer, non plus le repas des Juifs, mais la « fraction du pain », nom par lequel ils désignaient ce que nous appelons de nos jours sainte Messe ou Eucharistie. « Le repas au cours duquel le Christ a institué l’Eucharistie semble bien avoir été un repas cultuel, une chaboura, telle que les communautés juives avaient coutume de les célébrer. La prière de la consécration est en effet reprise de la prière de bénédiction sur le pain et le vin que le président avait coutume de faire au cours du repas. C’est dans le cadre même d’un repas juif que le Christ a institué le repas de la nouvelle Alliance, comme c’est dans le cadre de la commémoration juive de la Pâque qu’il est mort sur la croix. Ceci souligne expressément la relation à la fois de continuité et la différence entre ces repas sacrés et l’Eucharistie » (J. Daniélou, Bible et liturgie, Paris, 1950, p. 218-219).
« En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas Pascal, Jésus a donné son sens définitif à la Pâque juive. En effet, le passage de Jésus à son Père par sa mort et sa résurrection, la Pâque nouvelle, est anticipé dans la Cène et célébré dans l’Eucharistie qui accomplit la Pâque juive et anticipe la Pâque finale de l’Église dans la gloire du Royaume » (Ibid.), lorsque toutes choses auront été restaurées dans le Christ, « ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre » (Éphésiens 1, 10).
L’institution du sacrement de l’Eucharistie se manifeste dans le commandement que Jésus donne à ses apôtres de répéter les gestes qu’il vient de faire et les paroles qu’il vient de prononcer, « jusqu’à ce qu’il revienne » (1 Corinthiens 11, 26). Ce commandement « ne demande pas seulement de se souvenir de Jésus et de ce qu’il a fait. Il vise la célébration liturgique, par les apôtres et leurs successeurs, du mémorial du Christ, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection et de son intercession auprès du Père » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1341).
Le texte sur l’Eucharistie dans son intégralité