La transsubstantiation est le changement d’une substance en une autre substance, la « substance étant ce qui est central dans une réalité, ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est. […] Elle est ce qui subsiste et n’a pas besoin de fondement intrinsèque sur lequel s’appuyer : elle n’est pas dans un autre » (D. Le Tourneau, « Substance », Les mots du christianisme. Catholicisme — Orthodoxie — Protestantisme, p. 597).
Ce mot peut paraître compliqué, mais c’est celui qui traduit le mieux ce qui se passe à l’autel, lorsque le prêtre répète les mêmes paroles que Jésus le Jeudi Saint : « Parce que le Christ, notre Rédempteur, a dit que ce qu’Il offrait sous l’espèce du pain était vraiment son Corps, on a toujours eu dans l’Église cette conviction, que déclare le saint Concile de nouveau : par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son Sang : ce changement, l’Église catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation » (concile de Trente, cité par le Catéchisme de l’Église catholique, n° 1376).
Il est loisible de parler aussi de conversion, comme le fait le Catéchisme de l’Église catholique (n° 1375) : « C’est par la conversion du pain et du vin au Corps et au sang du Christ que le Christ devient présent en ce sacrement. Les Pères de l’Église ont fortement affirmé la foi de l’Église en l’efficacité de la Parole du Christ et de l’action de l’Esprit Saint pour opérer cette conversion. »
Comme saint Thomas d’Aquin l’explique (Somme théologique, III, q. 75-77), « les substances du pain et du vin ne sont ni déplacées pour céder leur place à celles du corps et du sang (changement local), ni décomposées ou anéanties pour que leur soient substituées celles du corps et du sang, mais changées en celles du corps et du sang. Le Christ est présent tout entier (corps, sang, âme, divinité) soit sous l’espèce du pain, soit sous l’espèce du vin, qu’on prenne chacune en sa totalité ou en l’une quelconque de ses parties » (J. de Biaciocchi, « Eucharistie », Catholicisme hier, aujourd’hui, demain, col. 649).
Certes, du point de vue expérimental, le pain reste du pain et le vin du vin, autrement il n’y aurait plus de signe sensible. Mais la consécration produit dans cette réalité physique un changement métaphysique, à signification religieuse. La foi seule permet de le reconnaître. L’Église s’appuie pour affirmer cette conversion sur l’institution de l’Eucharistie par Jésus-Christ, comme cela a été rappelé précédemment. Le pain et le vin, devenus Corps et Sang du Christ, sont le signe de l’Amour de Dieu pour les hommes et de la présence réelle du Christ parmi nous.
Le dogme de la transsubstantiation s’oppose donc aux théories de la « consubstantiation » et de l’« impanation », qui maintiennent que, « lors de la consécration du pain et du vin à la Cène, la substance du corps et celle du sang du Christ sont présentes « avec, dans et sous » les éléments du pain et du vin. La présence réelle est confessée, mais elle disparaît avec la dispersion de l’assemblée eucharistique » (D. Le Tourneau, « Consubstantiation », ouvrage cité, p. 177).
Le texte sur l’Eucharistie dans son intégralité