Tout sacrement communique la grâce qui est déjà un gage de la vie éternelle, la vie éternelle déjà commencée dans l’âme, puisque le don de la grâce sanctifiante est un « commencement de la gloire ». Elle introduit dès à présent dans l’intimité de la vie trinitaire.
« Dans les sacrements, l’Église reçoit déjà les arrhes de son héritage, elle participe déjà à la vie éternelle, « tout en attendant la bienheureuse espérance et l’avènement de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus » (Tite 2, 13). « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! […] Viens, Seigneur Jésus ! » (Apocalypse 22, 17.20) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1130). C’est le dernier mot de toute l’Écriture : Marana tha. Dans l’Église primitive, les nouveaux baptisés dans la nuit pascale entraient en procession un cierge à la main dans l’église pour participer pour la première fois aux saints mystères, comme en préfiguration de la liturgie céleste. « La station que tu feras aussitôt après le baptême devant la grande chaire est la préfiguration de la gloire d’En-Haut. Le chant des psaumes, avec lequel tu seras reçu, est le prélude des hymnes du ciel. Les cierges, que tu tiendras à la main, sont le sacrement du cortège lumineux d’en-haut avec lequel nous irons au-devant de l’Époux, âmes lumineuses et vierges, portant les cierges lumineux de la foi » (saint Grégoire de Nazianze, De sacramentis 36, PG 425 A, cité par J. Daniélou, Bible et liturgie, Paris, 1950, p. 177). L’entrée dans l’église figure l’entrée dans le sanctuaire céleste. Les diacres qui disposent les offrandes sur l’autel sont la figure des anges. Ceux-ci « entourent le prêtre. Tout le sanctuaire et tout l’espace autour de l’autel sont remplis des puissances célestes pour honorer celui qui est présent sur l’autel » (saint Jean Chrysostome, De sacerdocio 6, 4, cité Ibid., p. 179).
Les sacrements que le Christ a confiés à son Église « sont nécessaires au salut » (Ibid., n° 1129) et donc pour obtenir la grâce sanctifiante. Aucun n’est superflu, même si tous ne sont pas nécessaires pour tout le monde ce qui, en soi, est d’ailleurs impossible à priori, puisque, par exemple, la réception du sacrement de l’ordre rend inapte à recevoir celui du mariage. Le premier d’entre eux, dans l’ordre de réception, le baptême, est la seule voie que nous connaissions pour faire partie de l’Église et obtenir le salut éternel, même si, dans sa toute-puissance et sa sagesse, Dieu peut sauver les âmes par d’autres voies connues de lui seul. Le sacrement de pénitence est nécessaire aussi dans le cas où l’on aurait commis un péché mortel.
Chaque sacrement produit une « grâce sacramentelle » propre, adaptée à sa finalité. L’Esprit ainsi communiqué à l’âme la guérit et la transforme de sorte que le baptisé ressemble de plus au plus au Christ, se « divinise » progressivement, jusqu’à parvenir à la taille de l’homme adulte » (Éphésiens 4, 13).
A été condamnée l’affirmation selon laquelle « les sacrements de la Loi nouvelle ne sont pas nécessaires au salut, mais superflus, et que, sans eux ou sans le désir de ceux-ci, les hommes obtiennent de Dieu la grâce de la justification, étant admis que tous ne sont pas nécessaires à chacun » (concile de Trente, décret sur les sacrements). Le sacrement du baptême est d’une nécessité absolue pour le salut, car il est la porte d’entrée dans l’Église et Dieu ne nous a pas fait connaître d’autre voie pour obtenir le salut. Il est le préalable obligé à la réception de tout autre sacrement.
Pour que quelqu’un obtienne son salut éternel, il n’est pas nécessaire qu’il soit effectivement incorporé à l’Église : « il est au moins requis qu’il lui soit uni par le vœu et le désir », sans que ce vœu ou ce désir soit nécessairement explicite (lettre de Pie XII à l’archevêque de Boston, 8 août 1949). Donc le désir même implicite du sacrement ou la foi dans le sacrement peuvent dans certains cas suffire au salut.
Il existe une différence de dignité parmi les sacrements, l’Eucharistie surpassant tous les autres : « Ce que l’on trouve en elle d’excellent et de particulier est que les autres sacrements ont la vertu de sanctifier lorsque quelqu’un y a recours, alors que dans l’Eucharistie se trouve l’auteur même de la sainteté avant qu’on ne la reçoive » (concile de Trente, décret sur le sacrement de l’Eucharistie).
Tous les chrétiens ont le « droit de recevoir en abondance des pasteurs sacrés leur part des biens spirituels de l’Église, surtout le secours de la Parole de Dieu et des sacrements » (concile Vatican II, constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, n° 37). Ce principe a été codifié comme faisant partie des droits fondamentaux de tous les fidèles (cf. Code de droit canonique, canon 213).