B) La réforme menée à bien par le concile Vatican II
La constitution conciliaire sur la liturgie, Sacrosanctum Concilium, consacre son quatrième chapitre à l’office divin. Nous y lisons que Jésus-Christ « continue à exercer sa fonction sacerdotale par l’Église », qui non seulement célèbre l’Eucharistie, mais aussi « par d’autres moyens et surtout par l’accomplissement de l’office divin » (n° 83). L’office divin est la prière officielle de l’Église quand il est accompli dans un cadre bien défini (cf. nos 84-85). Il a pour finalité « la sanctification de la journée » (n° 88). Des orientations sont données en vue de restructurer l’office pour parvenir à une récitation féconde (cf. nos 90-93).
Sept sous-commissions ont travaillé respectivement sur la distribution des psaumes, les lectures bibliques, patristiques, hagiographiques, les hymnes, les chants et la structure générale de l’office divin, un groupe spécial étant chargé ultérieurement de rédiger les prières de conclusion des offices du matin et du soir , en respectant le nombre des heures fixé par le concile. Celui-ci, en effet, avait ordonné d’observer les normes suivantes : « a) Les laudes, comme prière du matin, et les vêpres, comme prière du soir, qui d’après la vénérable tradition de l’Église universelle, constituent les deux pôles de l’office quotidien, doivent être tenues pour les heures principales et elles doivent être célébrées en conséquence ; b) les complies seront organisées de façon à bien convenir à la fin de la journée ; c) l’Heure qu’on appelle matines, bien qu’elle garde, dans la célébration chorale, son caractère de louange nocturne, sera adaptée de telle sorte qu’elle puisse être récitée à n’importe quelle heure du jour, et elle comportera un moins grand nombre de psaumes et des lectures plus étendues ; d) l’Heure de prime sera supprimée ; e) au chœur on gardera les petites Heures de tierce, sexte et none. Hors du chœur, il est permis de choisir une seule de ces trois Heures, la plus appropriée au moment de la journée » (n° 89).
Nous voyons que la Commission de réforme jouissait, dans les autres domaines, de la plus grande latitude. Elle décida de supprimer les lectures hagiographiques et de les remplacer par une brève notice historique sur la vie de chaque saint, placée en tête de l’office. Les différentes modifications furent soumises à l’épreuve de communautés religieuses et adaptées en fonction de leurs remarques. L’ensemble du projet fut soumis à l’approbation des Pères dès la première session du concile, en 1967. Ils furent encore consultés en 1970, c’est-à-dire bien après la clôture du concile, en leur présentant l’office férial et la mémoire d’un saint. C’est le 1er novembre que Paul VI promulguait enfin le nouvel office divin, moyennant la constitution apostolique Laudis canticum déjà mentionnée. Le texte de la Présentation générale fut rendu public au début de 1971 et l’office rénové entra en vigueur pour l’Avent de la même année. Il restait à le traduire dans les différentes langues. Ce qui fut terminé, pour les pays francophones, en 1980. Mais ils se servaient depuis 1969 d’une version provisoire, approuvée par le siège apostolique, la Prière du temps présent, connue dans le jargon ecclésiastique sous le nom de PTP.
La constitution Laudis canticum précise que l’office a été organisé de telle sorte que, s’agissant de la prière de l’ensemble du Peuple de Dieu, il ne soit pas limité aux seuls clercs, mais que les religieux et les laïcs puissent y prendre part. Différentes formes de célébration sont prévues afin de permettre d’adapter la liturgie des heures, qui est son nouveau nom, Liturgia horarum, de l’adapter aux personnes de culture et de formation variées. La liturgie des heures visant la sanctification de la journée, les heures canoniques ont été revues afin qu’elles correspondent plus facilement aux heures de la journée, compte tenu des circonstances dans lesquelles les hommes vivent de nos jours. Pour que l’esprit s’accorde à la voix, et que la liturgie des heures soit « la source de la piété et l’aliment de la prière personnelle », selon l’expression du concile , la variété des textes a été sensiblement augmentée et des éléments de méditation des psaumes sont proposés, tels que les titres, les antiennes, les raisons, ainsi que des moments de silence.
Le cycle hebdomadaire du psautier est aboli, comme le demandait le concile . Les psaumes sont désormais répartis sur quatre semaines. Le texte retenu est celui de la Néovulgate promulgué par Jean-Paul II en 1979. Quelques psaumes et versets ont été omis, car leur contenu a été jugé trop dur pour qu’il soit bien compris de nos jours. Des cantiques de l’Ancien Testament ont été ajoutés aux laudes et des cantiques du Nouveau Testament aux vêpres. Les textes de la Sainte Écriture sont disposés de façon à être en harmonie avec les lectures de la messe. Les péricopes, qui sont de brefs passages de la Bible, sont choisies de telle manière qu’elles recouvrent les phases les plus importantes de l’histoire du Salut. Les lectures des Pères, des docteurs et des écrivains ecclésiastiques ont été prises chez les meilleurs auteurs. Des invocations ont été ajoutées aux laudes pour offrir la journée et le travail qui commence. Pareillement, les vêpres se sont enrichies d’une prière universelle. Dans l’un et l’autre cas, la prière dominicale y fait suite. Ajouté à celle de la messe, cela permet de revenir à l’usage antique de réciter le Notre Père trois fois par jour . Telles sont, brièvement indiquées, les principales innovations apportées à la liturgie des heures. C’est à sa structure qu’il faut nous attaquer maintenant.
(à suivre...)