« L’Église apostolique connaît cependant un rite propre en faveur des malades, attesté par saint Jacques : « Quelqu’un parmi vous est malade ? Qu’il appelle les presbytres de l’Église et qu’ils prient sur lui, après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient, et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis » (Jacques 5, 14-15). La Tradition a reconnu dans ce rite un des sept sacrements de l’Église » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1510). Il ne s’agit pas d’une guérison charismatique, mais bien d’une action habituelle que l’Église réalise sur les malades. L’Apôtre exhorte les chrétiens à être fermes et patients jusqu’à la venue du Seigneur. Il insiste sur la nécessité de la prière lorsque nous souffrons ou lorsque nous sommes joyeux, puis il en vient à une circonstance concrète : la maladie. Si quelqu’un est malade, dit-il, non seulement il doit lui-même prier, mais appeler les presbytres pour qu’ils l’oignent d’huile et prient pour lui. Dans le cas d’espèce, les presbytres vont chez le malade, ils prient (peut-être avec l’imposition des mains suggérée par la préposition sur), ils l’oignent d’huile au nom du Seigneur ; la prière et l’onction ont pour effet de soulager le malade et de lui accorder le pardon de ses péchés. Ce sont bien là les caractéristiques d’un sacrement. L’institution par le Christ peut être déduite, bien qu’elle ne s’exprime pas directement, de l’expression « au nom du Seigneur » (sur son ordre et par son autorité). En effet, Dieu seul peut, de sa propre autorité, unir à un rite extérieur la communication de la grâce divine.
« Cette onction sainte des malades a été instituée par le Christ notre Seigneur comme un sacrement du Nouveau Testament, véritablement et proprement dit, insinué par Marc (cf. Marc 6, 13), mais recommandé aux fidèles et promulgué par Jacques, apôtre et frère du Seigneur » (concile de Trente).
Des prières de bénédiction de l’huile, on peut déduire que dans les premiers siècles, l’huile pouvait être confiée au malade, qui l’utilisait comme médecine ou à qui elle était appliquée par ceux qui prenaient soin de lui : « Elle est liniment, onguent, mais on envisage aussi qu’elle soit bue » (A. G. Martimort, L’Église en prière. III. Les sacrements, Paris, éd. nouvelle, 1984, p. 137). Dès le IIème siècle, il est recommandé que l’évêque ou ses prêtres rendent visite aux malades. En Orient, au XIème siècle le sacrement des malades est conféré au cours d’une grande liturgie qui se déroule à l’église pendant sept jours, ou en un jour par sept prêtres.
L’appellation « extrême-onction » ou unctio exequatur, « onction de ceux qui sortent [de ce monde] » apparaît chez les théologiens et les canonistes au XIIème siècle et dans les rituels seulement au XVème siècle. Le changement terminologique peut s’expliquer par le fait que l’onction des malades se trouvait placée dans les livres liturgiques à côté de la pénitence ad mortem, en cas de mort imminente et de recommandation de l’âme.
(à suivre...)