« Depuis ces temps, les apôtres, pour accomplir la volonté du Christ, communiquèrent aux néophytes, par l’imposition des mains, le don de l’Esprit qui porte à son achèvement la grâce du baptême (cf. Actes 8, 15-17 ; 19, 5-6). C’est pourquoi dans l’épître aux Hébreux prend place, parmi les éléments de la première instruction chrétienne, la doctrine sur les baptêmes et aussi sur l’imposition des mains (cf. Hébreux 6, 2). L’imposition des mains est à bon droit reconnue par la tradition catholique comme l’origine du sacrement de la confirmation qui perpétue, en quelque sorte, dans l’Église, la grâce de la Pentecôte » (Paul VI, constitution apostolique Divinæ consortium naturæ, citée par le Catéchisme de l’Église catholique, n° 1288). Cela explique que seul un confirmé puisse être parrain du baptême et être admis aux ordres sacrés.
Sous le régime de l’Ancienne Alliance passée entre Dieu et le peuple élu, d’où devait venir le Messie, sauveur du genre humain, les prophètes ont annoncé la venue de l’Esprit du Seigneur à ce Messie. « Sur lui reposera l’Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de piété, esprit de crainte de Dieu » (Isaïe 11, 2).
Lorsque Jésus se fait baptiser par son cousin Jean-Baptiste, dans les eaux du Jourdain, nous avons vu que « les cieux s’ouvrirent pour lui, et il vit l’Esprit de Dieu qui descendait comme une colombe et venait sur lui » (Matthieu 3, 16). Et le Précurseur lui-même atteste : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il est demeuré sur lui. Moi je ne le connaissais pas. Mais celui qui m’avait envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint. Et j’ai vu de mes yeux et j’atteste que c’est lui le Fils de Dieu » (Jean 1, 32-34). Jean-Baptiste témoigne encore que « celui que Dieu a envoyé fait entendre les paroles de Dieu, car c’est sans mesure que Dieu lui donne l’Esprit » (Jean 3, 34).
« Or, cette plénitude de l’Esprit ne devait pas rester uniquement celle du Messie, elle devait être communiquée à tout le peuple messianique » (Ibid., n° 1287). C’est, en effet, ce que le prophète Joël avait annoncé, comme nous l’avons vu à propos de la nature du sacrement de confirmation (n° 1). Isaïe (36, 26) s’était exprimé dans le même sens : « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ». Les prophètes annoncent la venue, à la fin des temps, d’un Oint, un Christos, dont le roi David et le Grand prêtre n’étaient que des figures. Cette typologie messianique est très présente dans les psaumes.
« Le rite de l’onction est riche de significations dans la symbolique biblique et antique. L’huile est signe d’abondance (cf. Deutéronome 11, 14 ; etc.) et de joie (cf. Psaume 23, 5 ; 104, 15), elle purifie (onction avant et après le bain) et elle rend souple (l’onction des athlètes et des lutteurs) ; elle est signe de guérison, puisqu’elle adoucit les contusions et les plaies (cf. Isaïe 1, 6 ; Luc 10, 34) et elle rend rayonnant de beauté, de santé et de force » (Ibid., n° 1293).
« Le Christ n’a pas été oint par une huile ou par un parfum corporel de la main des hommes. Mais le Père, qui l’a établi à l’avance Sauveur de la totalité de l’Univers, l’a oint de l’Esprit Saint, comme l’a dit Pierre : Jésus de Nazareth, que Dieu a oint de l’Esprit Saint (Actes 10, 38). Et de même que le Christ a été vraiment crucifié, vraiment enseveli, vraiment ressuscité, et qu’à vous il a été accordé au baptême d’être crucifiés avec lui, ensevelis avec lui, ressuscités avec lui dans une certaine imitation, ainsi en est-il du chrême. Lui a été oint d’une huile intelligible d’exultation, c’est-à-dire de l’Esprit Saint, appelé huile d’exultation, parce qu’il est la cause de l’exultation spirituelle ; vous, vous avez été oints du parfum, devenus participants au Christ » (saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques, 3, 33, PG 1089 A-B). Ce texte, dit Daniélou, à qui j’emprunte la citation, montre bien que le sacrement est une participation réelle à la grâce du Christ, par une imitation sacramentelle de sa vie et « montre comment cette structure s’applique aussi bien au sacrement de confirmation qu’à celui du baptême. […] Le baptême du Christ, suivi de la descente de l’Esprit, apparaît ainsi comme une préfiguration de sa mort suivie de son instauration royale, dont à son tour le double sacrement de l’eau et de l’onction est la participation pour le chrétien » (J. Daniélou, Bible et liturgie, Paris, 1950, p. 161-162).
On peut dire aussi que le Saint-Esprit est présent dans le saint chrême, certes d’une autre façon que le Christ dans le pain et le vin après la transsubstantiation. Mais, dit Denys l’Aréopagite, ce myron n’est pas quelque chose d’ordinaire : « De même que le pain de l’Eucharistie, après l’invocation du Saint-Esprit, n’est plus un pain ordinaire, mais le Corps du Christ, de même ce saint myron n’est plus ordinaire, après l’épiclèse, mais un charisme du Christ, rendu efficace de l’Esprit Saint, par la présence de la divinité de celui-ci » (La Hiérarchie ecclésiastique 33 ; PG 1092 A).