D’après sainte Thérèse, tous les biens du monde sont incapables de faire goûter à l’homme en mille ans cette joie qui lui est donnée par Dieu en un seul instant [1].
Si la messe possède quatre finalités : de louange, d’adoration, d’expiation, d’impétration ou de demande, nous pouvons dire avec Benoît XVI que, "spécialement dans la liturgie eucharistique, il nous est donné de goûter l’accomplissement eschatologique vers lequel tout homme et toute la création sont en chemin [2]" [3], puisque la dimension de louange est caractéristique de la liturgie céleste. Les hiérarchies célestes et les élus passeront leur éternité dans la louange éperdue de Dieu. "Tu es digne, notre Seigneur et Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car c’est toi qui as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles ont eu l’existence et ont été créées." [4] "Il est digne, l’Agneau qui a été égorgé, de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction. (...) À Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau soient la bénédiction, l’honneur, la gloire et la domination pour les siècles des siècles !" [5] "Alleluia ! Car le Seigneur, notre Dieu, le Tout-Puissant, a pris possession de la royauté. - Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse et rendons-lui gloire, car les noces de l’Agneau sont venues, son Épouse s’est parée" [6]. "Amen ! Que la bénédiction, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu pour les siècles des siècles ! Amen !" [7] Et la foule immense des élus criait : "Le salut appartient à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l’Agneau." [8] "Les vingt-quatre vieillards et les quatre animaux se prosternèrent et adorèrent Dieu assis sur le trône, en disant : "Amen : Alleluia !" Et il vint du trône une voix qui disait : "Louez notre Dieu, vous tous, ses serviteurs, et vous qui le craignez, petits et grands !" [9]
Au soir de notre vie, "c’est sur l’amour que l’on vous examinera, affirme saint Jean de la Croix. Apprenez donc à aimer Dieu comme il désire l’être et laissez là ce que vous êtes" [10]. Car l’amour se trouve à l’origine et au terme de notre vie, et la scande tout entière, comme le bienheureux Raymond Lulle l’a admirablement exprimé dans son Livre de l’ami et de l’aimé : « On demande à l’ami de qui il était. Il répondit : D’amour. — De qui es-tu ? — D’amour. — Qui t’a engendré ? — L’amour. — Où es-tu né ? — En l’amour. — Qui t’a nourri ? — L’amour. — De quoi vis-tu ? — D’amour. — Quel est ton nom ? — Amour. — D’où viens-tu ? — De l’amour. — Où vas-tu ? — À l’amour. — Où demeures-tu ? — En l’amour. » [11]
[1] Cf. Sainte Thérèse d’Avila, Pensées sur l’Amour de Dieu 4
[2] Cf. Rm 8, 19 s.
[3] Benoît XVI, exhort. ap. post-synodale Sacramentum caritatis, 22 février 2007, n° 30
[4] Ap 4, 11
[5] Ap 5, 12.13
[6] Ap 19, 6-7
[7] Ap 7, 12
[8] Ap 7, 10
[9] Ap 19, 4-5
[10] Saint Jean de la Croix, Les Maximes, 80
[11] Bienheureux R. Lulle, Le Livre de l’ami et de l’aimé