Institué par Jésus-Christ, ce sacrement fait de l’homme un enfant de Dieu le Père, sous l’action de l’Esprit Saint, qui est le Sanctificateur.
Comme pour tout sacrement — c’en est une caractéristique — le rite du baptême institué par Jésus-Christ ne signifie pas seulement la grâce sanctifiante, mais la confère effectivement à l’âme. « Le sacrement du baptême confère la première grâce sanctifiante, qui efface le péché originel et aussi le péché actuel, s’il existe ; il remet toute la peine due pour ces péchés, imprime le caractère de chrétien ; il nous fait enfants de Dieu, membres de l’Église et héritiers du paradis, et il nous rend capables de recevoir les autres sacrements » (Catéchisme de saint Pie X). Examinons successivement ces neuf effets du baptême.
Le premier effet consiste à communiquer à l’âme pour la première fois la grâce sanctifiante. Dieu donne au baptisé la grâce sanctifiante ou de la justification. Le chrétien peut ainsi croire en Dieu, espérer en lui et l’aimer par les vertus théologales ; vivre et agir sous la motion de l’Esprit Saint par les dons du Saint-Esprit ; croître dans le bien par les vertus morales.
En second lieu, par la grâce sanctifiante « infusée » dans l’âme, le baptême efface le péché originel. « Par le baptême, tous les péchés sont remis : le péché originel, et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines du péché » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1263).
Il efface aussi les péchés actuels, c’est-à-dire, dans le cas d’un adulte, car, pour les enfants, la question ne se pose pas, ses péchés personnels, étant entendu que par adulte, on entend la personne qui jouit de l’usage de la raison. « En ceux qui ont été régénérés, il ne demeure rien qui les empêcherait d’entrer dans le royaume de Dieu, ni le péché d’Adam, ni le péché personnel, ni les restes du péché, dont la plus grave est la séparation de Dieu » (Ibid.).
En quatrième lieu, le baptême remet la peine due pour ces péchés, ce que la théologie appelle la « peine temporelle ». En effet, « dans le baptisé, certaines conséquences temporelles du péché demeurent cependant, telle les souffrances, la maladie, la mort, ou les fragilités inhérentes à la vie comme les faiblesses de caractère, etc., ainsi qu’une inclination au péché que la Tradition appelle la concupiscence, ou, métaphoriquement, le « foyer du péché » (fomes peccati) : « Laissée pour nos combats, la concupiscence n’est pas capable de nuire à ceux qui, n’y consentant pas, résistent avec courage par la grâce du Christ. Bien plus, « celui qui aura combattu selon les règles sera couronné » (2 Timothée 2, 5) » (concile de Trente, cinquième session, décret sur le péché originel) » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1264). Ce que le baptême efface, c’est la sanction due aux péchés commis antérieurement par l’adulte.
Ensuite, le baptême imprime dans le chrétien un caractère, que nous avons appelé sphragis précédemment, qui le destine à la mission unique de l’Église : la sainteté et l’apostolat. Par le baptême, l’homme est constitué en enfant de Dieu, retrouvant ainsi la condition qui était la sienne avant la chute de nos premiers parents (le péché originel). Il s’agit d’une « sphragis sainte et indélébile » (saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques 33, 359A), du « sceau ineffaçable du Saint-Esprit pour la vie éternelle » (Ibid. 365A). « La sphragis du baptême signifie donc un engagement de Dieu à l’égard du baptisé par quoi Dieu lui concède irrévocablement un droit aux biens de la grâce » (J. Daniélou, Bible et liturgie, Paris, 1950, p. 95).
Le baptême fait de la personne « une nouvelle créature » (2 Corinthiens 5, 17), un enfant adoptif de Dieu rendu « participant de la nature divine » (2 Pierre 1, 4), membre du Christ, cohéritier avec lui et temple de l’Esprit Saint. « Le Fils de Dieu s’est fait homme pour que les fils de l’homme, les fils d’Adam, deviennent fils de Dieu. (...) Il est le Fils de Dieu par nature ; nous, nous le sommes par la grâce » (saint Athanase, De Incarnatione contra arianos 8).
Septièmement, le baptême fait entrer dans l’Église. « Des fonts baptismaux naît l’unique Peuple de Dieu de la Nouvelle Alliance qui dépasse toutes les limites naturelles ou humaines des nations, des cultures, des races et des sexes : « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés pour ne former qu’un seul corps » (1 Corinthiens 12, 13) » (Ibid., n° 1268). Une fois devenu membre de l’Église le baptisé n’appartient plus à lui-même, mais à Celui qui est mort et ressuscité pour tous, Jésus-Christ (cf. 2 Corinthiens 5, 15). « Dès lors, il est appelé à se soumettre aux autres (cf. Éphésiens 5, 21 ; 1 Corinthiens 16, 15-16), à les servir (cf. Jean 13, 12-15) dans la communion de l’Église et à être « obéissant et docile » aux chefs de l’Église (Hébreux 13, 17) et à les considérer avec respect et affection (cf. 1 Thessaloniciens 5, 12-13) » (Ibid., n° 1269). « Le baptême, qui fait entrer dans le peuple de Dieu, est un mystère nuptial : c’est pour ainsi dire le bain de noces qui précède le banquet des noces, l’Eucharistie » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1617).
Il rend le baptisé héritier du paradis : « Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ » (Romains 8, 17).
Le baptême donne aussi la capacité — rend capable — de recevoir les autres sacrements, en particulier de participer à l’Eucharistie, et d’unir le travail et toute la vie au sacrifice de la messe.
Il faut ajouter que les baptisés « participent au sacerdoce du Christ, à sa mission prophétique et royale, ils sont « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour annoncer les louanges de celui qui [les] a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pierre 2, 9). Le baptême donne donc part au sacerdoce commun des fidèles » (Ibid., n° 1268).
Enfin, le baptême est source de droits et de devoirs dans l’Église et dans le monde : « Devenu membre de l’Église, le baptisé ne s’appartient plus à lui-même (1 Corinthiens 6, 19), mais à Celui qui est mort et ressuscité pour nous (cf. 2 Corinthiens 5, 15). Dès lors il est appelé à se soumettre aux autres (cf. Éphésiens 5, 21), à les servir (cf. Jean 13, 12-15) dans la communion de l’Église, et à « être obéissant et docile » aux chefs de l’Église (Hébreux 13, 17) et à les considérer avec respect et affection (cf. 1 Thessaloniciens 5, 12-13). De même que le baptême est la source de responsabilités et de devoirs, le baptisé jouit aussi de droits au sein de l’Église : à recevoir les sacrements, à être nourri avec la parole de Dieu et à être soutenu par les autres aides spirituelles de l’Église » (Ibid., n° 1269).