Le saint Rosaire est comme un résumé de l’histoire du Salut, qui présente à notre méditation les différentes étapes, complétées par Jean-Paul II, de la vie cachée et publique du Seigneur, du mystère de sa Passion, de sa mort et de sa Résurrection, et l’achèvement de cette histoire dans lequel il « introduit Marie comme archétype de l’Église : représentation en outre de la prière du Christ au Père, et finalement glorification toujours nouvelle de la Trinité ; le tout introduit par une profession de foi complète. Dans la succession des Ave Maria s’ouvre pour l’orant contemplatif un espace presque infini du monde de la prière, un espace qui peut être parcouru dans toutes les directions ; mais, afin qu’on ne s’y perde pas, Marie est donnée comme point d’appui ». En effet, Marie est présente et accompagne son Fils pendant les différentes étapes de sa vie parmi nous, jusqu’à son assomption corporelle.
Dans le Rosaire, le caractère répétitif de l’Ave Maria nous fait participer à l’enchantement de Dieu : c’est la jubilation, l’étonnement, la reconnaissance du plus grand miracle de l’histoire. Il s’agit de l’accomplissement de la prophétie de Marie : « Désormais tous les âges me diront bienheureuse » (Lc 1,48) »J [1].
Comme Jean-Paul II l’expliquait, le saint Rosaire est une « prière orientée par sa nature vers la paix », « une prière de la famille et pour la famille » et « le chemin de la croissance des enfants » [2].
L’iconographie rappelle le saint Rosaire de nombreuses façons. Ce peut n’être qu’une allusion, comme à Beaune, où, le bas de la robe de la Sainte Vierge et les manches « sont bordées d’une double rangée de perles, les seuls bijoux que porte Marie ; après un double séquence de cinq perles, un rubis : allusion directe aux « dizaines » de Je vous salue Marie entrecoupés de Notre Père que les chrétiens ont pris l’habitude de réciter pour se confier à elle » [3], ou plus qu’une allusion comme en la cathédrale de Bourges, où un tableau rappel les quinze mystères du Rosaire et la remise du chapelet par Marie à saint Dominique.
Voici le témoignage sur le bienfait de la récitation du chapelet d’une future mère de famille nombreuse, gratifiée de visions de la Sainte Trinité : « Mes parents furent d’excellents chrétiens. Dans les haciendas mon père présidait chaque jour la récitation du chapelet dans la chapelle, en présence de toute la famille, des ouvriers agricoles et des gens de la campagne. Quand par suite d’une occupation urgente, il ne le faisait pas, il voulait que je le remplace. Parfois il revenait avant la fin du chapelet et, à la sortie, il me grondait à cause de mon peu de dévotion. Il disait que mes Pater et mes Ave Maria iraient se promener avec moi en purgatoire et que personne n’en voudrait parce que trop mal récités. [4] »
À la récitation du chapelet s’ajoute celle de diverses litanies dont les plus courantes sont les litanies de Lorette, connues depuis le XIIe s. et qu’un Mozart ou un Monnikendam ont mis en musique, Francis Poulenc chantant pour sa part les Litanies à la Vierge noire de Rocamadour.
Bartolo Longo, apôtre du Rosaire, parlait en ces termes de cette dévotion mariale : « Ô Rosaire béni par Marie, douce chaîne qui nous relie à Dieu, lien d’amour qui nous unit aux Anges, tour de sagesse face aux assauts de l’enfer, havre de sécurité dans le naufrage commun, nous ne te lâcherons plus. Tu seras notre réconfort à l’heure de l’agonie. À toi, le dernier baiser de la vie qui s’éteint. Et le dernier accent sur nos lèvres sera ton nom suave, (...) ô notre Mère très chère, ô refuge des pécheurs, ô souveraine Consolatrice des affligés. Soyez bénie en tout lieu, aujourd’hui et toujours, sur la terre et dans le ciel » [5].
[1] ean-Paul II, lettre ap. Rosarium Virginis Mariæ, 16 octobre 2002, n° 33.
[2] Cf. Jean-Paul II, Ibid., nos 40-42.
[3] Éliane Gondinet-Wallstein, Un retable pour l’Au-delà. Le Jugement dernier de Rogier van der Weyden, Hôtel-Dieu de Beaune, Paris, Mame, 1990, p. 78.
[4] Michel-Marie Philippon, o. p., Conchita. Journal spirituel d’une mère de famille, Éditions de l’Emmanuel, 2003, p. 32.
[5] Bartolo Longo, Supplique à la Reine du Rosaire, citée par Jean-Paul II, lettre ap. Rosarium Virginis Mariæ, n° 43.