Le pape Pie XII avait qualifié l’Église de « moyen général de salut » (Lettre à l’archevêque de Boston, 8 août 1949). Le concile Vatican II, pour sa part, la qualifie de « sacrement universel du salut » (constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, n° 48). Pour bien comprendre cette idée, il faut se rappeler que le mot grec mysterion a été traduit en latin par deux termes : mysterium et sacramentum. L’interprétation qui en a été faite au cours du temps a privilégié le mot sacramentum pour exprimer le signe visible de la réalité cachée du salut, tandis que le mot mysterium a servi à exprimer cette réalité cachée. Le Christ est évidemment le « mystère du salut » par excellence. Sait Augustin disait qu’il « n’y a pas d’autre mystère que le Christ » (Lettre 187, 11, 34). C’est « du côté du Christ endormi sur la Croix qu’est né l’admirable sacrement de l’Église tout entière » (concile Vatican II, constitution sur la liturgie, n° 5). « L’œuvre salvifique de son humanité sainte et sanctifiante est le sacrement du salut qui se manifeste et agit dans les sacrements de l’Église (que les Églises d’Orient appellent aussi « les saints mystères »). Les sept sacrements sont les signes et les instruments par lesquels l’Esprit Saint répand la grâce du Christ, qui est la Tête, dans l’Église qui est son Corps. L’Église contient donc et communique la grâce invisible qu’elle signifie. C’est en ce sens analogique qu’elle est appelée « sacrement » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 774).
La constitution dogmatique du concile Vatican II sur l’Église, Lumen gentium, indique d’entrée de jeu que l’Église, « pour sa part, est dans le Christ comme un sacrement ou, si l’on veut, un signe et un moyen d’opérer l’union intime avec Dieu et l’unité de tout le genre humain » (n° 1), ce qui est, en définitive. Le concile présente donc l’Église à la fois comme sacrement de l’union intime des hommes avec Dieu, ce qui est son objectif premier et le plus élevé ; et comme sacrement de l’unité du genre humain. Cette unité est déjà commencée puisque l’Église rassemble des hommes « de toute nation, race, peuple et langue » (Apocalypse 7, 9). En même temps, « l’Église est « signe et instrument » de la pleine réalisation de cette unité qui doit encore venir » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 775).
Cette Église, acquise par le Christ au prix de son sang (cf. Actes 20, 28), « lui sert d’instrument de la rédemption de tous les hommes » (concile Vatican II, Lumen gentium, n° 9). L’Église tend vers un but unique : l’avènement du règne de Dieu et le salut du genre humain. Cela « découle de cette réalité que l’Église est le « sacrement universel du salut », manifestant et actualisant tout à la fois le mystère de l’amour de Dieu pour les hommes » (concile Vatican II, constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes, n° 45). Cet événement eschatologique, de la fin de temps, est préparé par l’Église que le Christ a constituée précisément comme « sacrement universel du salut ». L’Église est ainsi, dit le Catéchisme (n° 776), le « projet visible de l’amour de Dieu pour l’humanité », qui veut « que le genre humain tout entier constitue un seul Peuple de Dieu, se rassemble dans le Corps unique du Christ, soit construit en un seul temple du Saint-Esprit » (concile Vatican II, décret sur l’activité missionnaire de l’Église Ad gentes, n° 7).
L’Église apparaît ainsi comme le sacrement de la mission du Christ et de l’Esprit Saint, ce qu’avait bien vu saint Cyrille d’Alexandrie, cité par le Catéchisme (n° 738) : « Nous tous qui avons reçu l’unique et même esprit, à savoir, l’Esprit Saint, nous nous sommes fondus entre nous et avec Dieu. Car bien que nous soyons nombreux séparément et que le Christ fasse que l’Esprit du Père et le sien habite en chacun de nous, cet Esprit unique et indivisible ramène par Lui-même à l’unité ceux qui sont distincts entre eux […] et fait que tous apparaissent comme une seule chose en Lui-même. Et de même que la puissance de la sainte humanité du Christ fait que tous ceux-là en qui elle se trouve forment un seul corps, je pense que de la même manière l’Esprit de Dieu qui habite en tous, unique et indivisible, les ramène tous à l’unité spirituelle » (Commentarius in Ioannem 12).
Comme annoncé, je vais poursuivre par l’étude de chacun des sept sacrements.