La théologie exposait traditionnellement qu’un sacrement comporte une matière et une forme qui doivent s’unir pour que le sacrement produise ses effets. « L’homme en tant que personne, dans sa vie, ses relations avec Dieu et avec les hommes, constitue lui-même la « matière » de trois sacrements. Il s’agit du sacrement de réconciliation où, pécheurs, nous sollicitons du Seigneur la parole qui, par la bouche du prêtre, nous pardonne et nous renouvelle ; de l’ordination sacerdotale, lors de laquelle le Seigneur, à travers l’imposition des mains de l’évêque, donne à un homme mission et pouvoir de poursuivre le ministère des apôtres ; enfin du mariage, par lequel deux êtres se donnent mutuellement l’un à l’autre pour la vie, devenant ainsi l’image réelle, vivante et visible de l’alliance du Christ et de son Église (cf. Éphésiens 5, 27-32) » (J. Ratzinger, L’Esprit de la liturgie, Genève, 2001, p. 173). Les éléments naturels forment la matière des quatre autres sacrements : l’eau naturelle pour le baptême, le saint chrême (de l’huile d’olive) pour la confirmation et pour l’onction des malades, le pain de froment et le vin pour l’Eucharistie.
La forme est constituée par la formule sacramentelle que le célébrant prononce, à l’exception du mariage, dans lequel la forme est le consentement que les époux se donnent mutuellement.
Les éléments naturels mentionnés à l’instant sont typiques des pays méditerranéens. Ils se trouvent « réunis dans le magnifique psaume de la Création, où le psalmiste rend grâce à Dieu pour la bonté de la Création, manifeste dans le vin qui réjouit le cœur de l’homme, l’huile qui fait luire les visages et le pain qui réconforte le cœur de l’homme (Ps 104 [103], 15). […] Sous prétexte que ces éléments ont une signification symbolique dans les pays méditerranéens seulement, on a objecté qu’il fallait en changer sous d’autres latitudes. Ici, comme dans le cas du renversement des saisons et de leur symbolisme par rapport à la fête de Pâques, le critère reste le même : dans le jeu interactif de la culture et de l’histoire, c’est toujours à l’histoire que revient la préséance. Répétons-le, rien n’est fortuit dans le mystère de l’incarnation : il nous relie à un moment précis de l’histoire qui, s’il peut sembler arbitraire, n’en est pas moins la « forme historique » voulue par Dieu pour faire alliance avec les hommes » (J. Ratzinger, cité, p. 175).