De tout temps, le sens religieux du peuple chrétien s’est exprimée dans des formes variées de piété qui s’ajoutent à la vie sacramentelle de l’Église. Il peut s’agir de la vénération des reliques, au premier rang desquelles se situent les reliques de la Passion de notre Seigneur Jésus-Christ, conservées et vénérées en différents endroits, dont la cathédrale Notre-Dame de Paris (pour leur historique, voir les notes que j’ai mises les vendredis de carême 2007 sur http://www.dominique-le-tourneau.blogspot.com). La piété populaire s’exprime également par les pèlerinages sur les tombes des saints ou en des lieux d’apparitions, comme le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes ou celui de Notre-Dame de Fatima, ou la chapelle de la Médaille miraculeuse, rue du Bac, à Paris. Les pèlerinages les plus prisés, pour ainsi dire, conduisent aux Lieux Saints, c’est-à-dire aux villes et emplacements qui ont un rapport avec la vie de Jésus-Christ en Terre Sainte, et ceux qui permettent de se rendre auprès des tombes des apôtres Pierre et Paul, à Rome, et en même temps de « voir Pierre » en la personne de son successeur, le pape.
La piété populaire s’exprime encore par les processions, dont la plus importante est la procession du Saint-Sacrement qui a lieu en la solennité de la Fête-Dieu, appelée de nos jours fête du Corps et du sang du Seigneur ; par le chemin de Croix, pratique de piété consistant à parcourir mentalement les quatorze stations ou étapes qui ont conduit Jésus de sa condamnation à mort jusqu’à sa Mort sur la Croix et à sa mise au tombeau ; la récitation du rosaire (ou chapelet), en particulier au cours du mois d’octobre qui lui est consacré, les médailles bénies, les danses religieuses, etc.
Ces formes de piété prolongent la vie liturgique de l’Église, mais ne la remplacent pas. Elles « doivent être réglées en tenant compte des temps liturgiques et de façon à s’harmoniser avec la liturgie, à en découler d’une certaine manière, et à y introduire le peuple, parce que la liturgie, de sa nature, leur est de loin supérieure » (concile Vatican II, constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium, n°13).
Un document de l’épiscopat de l’Amérique latine, réuni à Puebla, déclare que « la religiosité populaire, pour l’essentiel, est un ensemble de valeurs qui, avec sagesse chrétienne, répond aux grandes interrogations de l’existence. Le bon sens populaire catholique est fait de capacité de synthèse pour l’existence. C’est ainsi qu’il fait aller ensemble, de façon créative, le divin et l’humain, le Christ et Marie, l’esprit et le corps, la communion et l’instinct, la personne et la communauté, la foi et la patrie, l’intelligence et le sentiment. Cette sagesse est un humanisme chrétien qui affirme radicalement la dignité de tout être comme fils de Dieu, instaure une fraternité fondamentale, apprend à rencontrer la nature comme à comprendre le travail, et donne des raisons de vivre dans la joie et la bonne humeur, même au milieu des duretés de l’existence. Cette sagesse est aussi pour le peuple un principe de discernement, un instinct évangélique qui lui fait percevoir spontanément quand l’Évangile est le premier servi dans l’Église, ou quand il est vidé de son contenu et asphyxié par d’autres intérêts. »