Trois sacrements sont appelés sacrements de l’initiation chrétienne. « Les sacrements du baptême, de la confirmation et de la très sainte Eucharistie sont si intimement liés entre eux qu’ils sont requis pour l’initiation chrétienne complète » (Code de droit canonique, canon 842 § 2). « D’après la tradition et les livres liturgiques actuels, la première communion vient normalement après la confirmation, puisqu’elle est le sommet de l’initiation et de l’organisme sacramentel » (R.Cabié dans A. G. Martimort, L’Église en prière. III. Les sacrements, Paris, 1984, p. 109). C’est le cas dans les Églises orientales, mais pas dans l’Église latine, où la réception de l’Eucharistie, la première communion, précède la confirmation. Le risque est que les fidèles ne reçoivent pas celle-ci et ne soient donc « qu’imparfaitement » initiés à la vie chrétienne. Cette initiation chrétienne avait lieu dans la nuit du Samedi saint au dimanche de Pâques. La célébration de la Pâque juive comportait deux aspects que nous considérons comme des « types » ou des figures de l’initiation chrétienne. « L’un est constitué par l’ensemble de la traversée de la Mer Rouge, suivie de la manducation de la manne et de la source du Rocher Horeb. » L’autre « est constitué par l’onction avec le sang de l’agneau sur les montants et le linteau des portes des premiers-nés, de façon à les préserver de l’ange exterminateur, onction qui est accompagnée de la manducation de l’agneau, avec des pains azymes et des herbes amères » (J. Daniélou, Bible et liturgie, Paris, 1950, p. 221).
D’autre part, les Pères de l’Église ont trouvé dans le Cantique des cantiques l’annonce des trois sacrements de l’initiation. Le baptême y apparaît comme une participation à l’Ascension du Christ au-dessus des chœurs angéliques : « Les anges vous entoureront de leurs chœurs, est-il dit aux baptisés, et ils diront : Qui est celle qui monte, vêtue de blanc, appuyée sur son Bien-Aimé ? » (saint Cyrille d’Alexandrie, Catéchèses mystagogiques, PG 33, 448B). Il est présenté aussi comme un mystère nuptial : l’âme, jusqu’ici simple créature, devient l’épouse du Christ : « Celle qui auparavant était servante reçoit maintenant le Seigneur même pour bien-aimé. Et celui-ci, recevant l’engagement sincère de son âme dit : Tu es belle, ma bien-aimée, tu es belle » (saint Cyrille d’Alexandrie, Ibid.).
S’agissant de la confirmation, le Cantique est interprété en ces termes par saint Ambroise : « Dieu t’a oint, le Seigneur t’a marqué du sceau et a posé l’Esprit Saint dans ton cœur. Tu as donc reçu l’Esprit Saint dans ton cœur. Reçois aussi autre chose. Car comme l’esprit est dans ton cœur, le Christ est dans ton cœur. Comment ? Tu as cela dans le Cantique des cantiques : Pose-moi comme un sceau sur ton cœur. Tu as donc été marqué à l’empreinte de sa croix [le sceau, ou sphragis, avait la forme de la croix], à l’empreinte de sa Passion. Tu as reçu le sceau à son image, pour que tu ressuscites à son image, que tu vives à son image » (De Sacramentis 6, 6-7).
Enfin, pour ce qui est de l’Eucharistie, nous lisons que « l’Église, voyant une si grande grâce — la célébration par le Christ du banquet nuptial — invite ses fils, invite ses voisins, à accourir aux sacrements : Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aimés. Ce que nous mangeons, ce que nous buvons, l’Esprit Saint nous l’a dit ailleurs par le Prophète : Goûtez et voyez que le Seigneur est doux. Le Christ est dans ce sacrement. Parce que c’est le corps du Christ, non comme un aliment corporel, mais spirituel » (saint Ambroise, De Mysteriis 58).