« Les sacrements sont des signes sensibles (paroles et actions), accessibles à notre humanité actuelle » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1084). Ils sont « des signes efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Église, par lesquels la vie divine nous est dispensée. Les rites visibles sous lesquels les sacrements sont célébrés signifient et réalisent les grâces propres de chaque sacrement » (Ibid., n° 1131). Le signe sacramentel, propre à chaque sacrement, est constitué par des choses (des éléments matériels — eau, huile, pain, vin — et des gestes humains — ablution, onction, imposition des mains, etc.), que l’on appelle matière ; ainsi que par des paroles que prononce le ministre du sacrement, et qui sont la forme. Le recours à des signes sensibles convenait à l’homme qui, composé d’un corps et d’une âme, connaît les choses surtout par ses sens : le signe rend manifeste que la grâce a bien été produite dans son âme.
La Rédemption réalisée par notre Seigneur Jésus-Christ une fois pour toutes devient présente dans les actions sacrées de la liturgie de l’Église, en particulier à travers les sept sacrements. « Voilà pourquoi la liturgie est le ciel sur la terre ; en elle, le Verbe qui s’est fait chair empreint la matière d’une potentialité salvifique qui se manifeste en plénitude dans les sacrements : là, la création communique à chacun la puissance que lui a conférée le Christ. Ainsi, le Seigneur, baigné dans le Jourdain, transmet aux eaux une puissance qui leur permet de devenir le bain de la régénération baptismale » (Jean-Paul II, Lettre Orientale lumen, 2 mai 1995, n° 11). L’Église est née au jour de la Pentecôte avec l’effusion de l’Esprit Saint. « En ce temps de l’Église, le Christ vit et agit désormais dans son Église et avec elle d’une manière nouvelle, propre à ce temps nouveau. Il agit par les sacrements : c’est cela que la Tradition commune à l’Orient et à l’Occident appelle « l’économie sacramentelle » ; celle-ci consiste en la communication (ou « dispensation ») des fruits du mystère Pascal du Christ dans la célébration de la liturgie « sacramentelle » de l’Église » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1076), en tout premier lieu de l’Eucharistie, « jusqu’à ce qu’il [le Christ] revienne » (1 Corinthiens 11, 26).
Ces sacrements de la « Nouvelle Alliance » se distinguent d’avec les « sacrements de l’ancienne Loi » : circoncision, rites expiatoires, sacrifices, pains de proposition, manducation de l’Agneau pascal, consécration des prêtres, etc. Ces derniers, en particulier la circoncision, ne produisaient pas la grâce ni un renouvellement intérieur, mais seulement une justice légale, purement extérieure. Le repas pascal lui-même était déjà un « sacrement de salut », mais dans l’ordre purement figuratif. La réalité qu’il annonçait se retrouve pleinement dans l’Eucharistie où l’agneau est désormais présent sous les apparences du pain et du vin. « Ils étaient seulement la figure de celle [la grâce] qui devait être donnée par la Passion du Christ » (concile de Florence, session VIII, 22 novembre 1439). C’étaient des signes permettant de reconnaître le peuple israélite comme le peuple avec lequel Dieu avait conclu une alliance.
Le Cantique des cantiques est considéré dans son ensemble par les Pères de l’Église comme une figure des sacrements en tant qu’union nuptiale du Christ et de l’âme. Mais les Pères chercheront aussi à mettre les versets du Cantique en rapport avec divers aspects de la liturgie de l’initiation chrétienne, comme je le dirai plus tard (cf. J. Daniélou, Bible et liturgie, Paris, 1950, p. 261).
Les sacrements sont pour l’homme « la source de la grâce divine et la merveilleuse manifestation de la miséricorde de Dieu à notre égard. Méditons lentement la définition que nous donne le Catéchisme de saint Pie V : Certains signes sensibles qui produisent la grâce, en même temps qu’ils la représentent et la mettent sous nos yeux. « Dieu Notre Seigneur est infini ; son amour est inépuisable, sa clémence et sa pitié à notre égard n’ont pas de limites. Il nous concède sa grâce de bien d’autres manières, et pourtant il a institué, expressément et librement — lui seul pouvait le faire —, ces sept signes efficaces pour que, d’une manière permanente, simple et à la portée de tous, nous puissions participer aux mérites de la Rédemption » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 78). Il s’agit donc de « signes sensibles et efficaces de l’action du Christ en faveur des hommes. […] Dans les sacrements plusieurs grands symboles humains sont mis au service de la grâce de Dieu et de la réponse des hommes […] : l’eau, la lumière, le repas… Mais l’ambivalence des gestes et des symboles (l’eau, par exemple, peut être porteuse de vie ou de mort) est levée par la parole qui les accompagne toujours : les sacrements sont une action symbolique à laquelle s’ajoute une parole » (Catéchisme des évêques de France, n° 376-377).
Les sacrements signifient trois choses : la cause sanctifiante, à savoir la mort et la Résurrection du Christ, l’effet sanctifiant ou grâce, et la fin de la sanctification, qui est la gloire éternelle. « Le sacrement est le signe qui remémore ce qui a précédé, à savoir la Passion du Christ ; qui met en évidence ce qui s’opère en nous par la Passion du Christ, à savoir, la grâce ; qui pronostique, je veux dire qui annonce à l’avance la Gloire à venir » (saint Thomas d’Aquin, Somme théologique III, q. 60 a. 3). « Les sacrements de l’Église tiennent spécialement leur vertu de la Passion du Christ : c’est la réception des sacrements qui nous met en communication avec la vertu de la Passion du Christ. L’eau et le sang jaillis du côté du Christ en Croix symbolisent cette vérité, l’eau se rapportant au baptême et le sang à l’Eucharistie, car ce sont là les sacrements les plus importants » (Ibid. q. 62a. 5 ad 1).
« Que le Christ est bon, d’avoir laissé les sacrements à son Église ! — Ils portent remède à chacun de nos besoins.
— Vénère-les et sois-en reconnaissant au Seigneur et à son Église » (saint Josémaria, Chemin, n° 521).