Lorsque Jésus envoie ses apôtres en mission, il leur dit en tout premier lieu de proclamer en son nom « à toutes les nations la conversion en vue de la rémission des péchés » (Luc 24, 27) et de faire « de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28, 19). Ce qui est premier, c’est le kérygme, l’annonce de l’Évangile en vue de la conversion des non-croyants. Ensuite, lorsqu’ils ont accueilli la foi, « baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Matthieu 28, 19). « La mission de baptiser, donc la mission sacramentelle, est impliquée dans la mission d’évangéliser, parce que le sacrement est préparé par la Parole de Dieu et par la foi qui est le consentement à cette Parole » (Catéchisme de l’Église catholique, n°1122). « Le Peuple de Dieu est rassemblé d’abord par la Parole du Dieu vivant. […] La proclamation de la parole est indispensable au ministère sacramentel, puisqu’il s’agit des sacrements de la foi et que celle-ci a besoin de la parole pour naître et se nourrir » (concile Vatican II, décret Presbyterorum ordinis sur le ministère des prêtres, n° 4). En outre, « parce qu’ils réalisent ce qu’ils signifient, les sacrements suscitent et stimulent la foi. Ils sont appels à la foi. Leur pleine signification se déploie dans une réponse explicite et personnelle du croyant » (Catéchisme des évêques de France, n° 375).
On peut ainsi constater que la foi de l’Église est antérieure à la foi des individus. L’Église confesse la foi qu’elle a reçue du Christ par les apôtres. D’où l’adage ancien : Lex orandi, lex credendi, « la loi de la prière est la loi de la foi ». Et, puisque les sacrements « expriment et développent la communion de foi dans l’Église, la lex orandi est l’un des critères essentiels du dialogue qui cherche à restaurer l’unité des chrétiens » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1126).
« Don de Dieu, les sacrements engagent ceux qui les reçoivent dans la foi de l’Église. Ils se pratiquent. On parle justement de la pratique des sacrements. Dans cette pratique, la foi conserve son caractère éminemment personnel. Mais elle y acquiert et manifeste son caractère public et ecclésial » (Catéchisme des évêques de France, n° 381). Si les sacrements supposent la foi de celui qui les reçoit, ils contribuent à sa croissance. « Les sacrements ont pour fin de sanctifier les hommes, d’édifier le Corps du Christ, enfin de rendre le culte à Dieu ; mais, à titre de signes, ils ont aussi un rôle d’enseignement. Non seulement ils supposent la foi, mais encore ils la nourrissent, ils la fortifient, ils l’expriment : c’est pourquoi ils sont dits sacrements de la foi » (concile Vatican II, constitution Sacrosanctum Concilium, n° 59). « Ils sont appels à la foi. Leur pleine signification se déploie dans la réponse explicite personnelle du croyant » (Catéchisme des évêques de France, n° 375).
Étant donné que les sacrements réalisent ce qu’ils signifient, leur action dépasse de beaucoup les dispositions du ministre qui les célèbre ou de celui qui les reçoit, même si ces dispositions peuvent conditionner l’efficacité des sacrements dans l’âme du récipiendaire. Mais, par exemple, « le baptême conféré à un enfant encore incapable d’y adhérer personnellement, et même s’il est demandé par une famille peu croyante, demeure un vrai baptême. En effet, il reste un geste du Christ célébré dans la foi de l’Église » (Ibid., n° 375).