Tout péché comporte deux éléments : une faute et des dommages causés. La faute est remise par le sacrement de réconciliation : elle est effacée ; elle n’existe plus aux yeux de Dieu. Les torts que nous avons causés à la communauté ecclésiale, et l’affront envers la Majesté de Dieu doivent être réparés. C’est l’objet de la pénitence ou satisfaction que le prêtre impose au pénitent à la fin de la confession. « Quel est le sens de cette satisfaction dont on s’acquitte, ou de cette pénitence que l’on accomplit ? Ce n’est assurément pas le prix que l’on paye pour le péché absous et pour le pardon acquis : aucun prix humain n’est équivalent à ce qui est obtenu, fruit du Sang très précieux du Christ. […] Ils ne devraient pas se réduire seulement à quelques formules à réciter, mais consister dans des œuvres de culte, de charité, de miséricorde, de réparation ». En outre, « ces actes de la satisfaction incluent l’idée que le pécheur pardonné est capable d’unir sa propre mortification corporelle et spirituelle, voulue ou au moins acceptée, à la Passion de Jésus qui lui a obtenu le pardon » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Réconciliation et pénitence, n° 31.III). Or, pour ne pas rendre la confession odieuse, le prêtre se limite à imposer une pénitence facile à accomplir.
En soi, elle ne suffit pas à régler toute la dette due au péché, et qualifiée en théologie de « peine temporelle ». C’est au pénitent qu’il revient de la compléter (rien n’empêche le confesseur d’y mettre aussi du sien…). Comment ? Jean-Paul II vient d’ouvrir une piste en parlant de « propre mortification corporelle et spirituelle ». « Le droit de l’Église rappelle le principe général selon lequel « tous les fidèles sont tenus par la loi divine de faire pénitence chacun à sa façon ». Il précise que, « pour que tous soient unis en quelque observance commune de la pénitence, sont prescrits des jours de pénitence durant lesquels les fidèles s’adonneront d’une manière spéciale à la prière et pratiqueront des œuvres de piété et de charité, renonceront à eux-mêmes en remplissant plus fidèlement leurs obligations propres, et surtout en observant le jeûne et l’abstinence » (Code de droit canonique, canon 1249). C’est une manière de déterminer la mortification que nous devons exiger de notre corps, sans lui porter préjudice, pour le bien de l’âme.
« Les jours et temps de pénitence pour l’Église tout entière sont chaque vendredi de toute l’année et le temps du Carême » (Code de droit canonique, canon 1250). « L’abstinence de viande ou d’une autre nourriture […] sera observée chaque vendredi de l’année ; mais l’abstinence et le jeûne seront observés le Mercredi des Cendres et le Vendredi de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur Jésus-Christ » (Ibid., canon1251). L’abstinence oblige à partir de 14 ans. Le jeûne oblige tous ceux qui ont l’âge de la majorité canonique (18 ans) et jusqu’à 59 ans accomplis. Le jeûne établi par la loi ecclésiastique consiste à prendre un seul repas dans la journée, bien que l’on puisse aussi prendre quelque chose le matin et le soir. « La conférence des évêques peut préciser davantage les modalités d’observance du jeûne et de l’abstinence, ainsi que les autres formes de pénitence, surtout les œuvres de charité et les exercices de piété qui peuvent tenir lieu en tout ou en partie de l’abstinence et du jeûne » (Ibid., canon 1253). Par exemple, la Conférence des évêques de France a déterminé ceci :
« 1. Tous les vendredis de l’année, en souvenir de la Passion du Christ, ils [les catholiques] doivent manifester cet esprit de pénitence par des actes concrets : soit en s’abstenant de viande, ou d’alcool, ou de tabac… ; soit en s’imposant une pratique plus intense de la prière et du partage.
2. Pendant le temps du Carême :
a) tous les vendredis, ils doivent s’abstenir de viande s’ils le peuvent ;
b) le mercredi des Cendres, jour où commence le Carême, et le Vendredi saint, jour de la mort du Sauveur, ils s’abstiennent de viande, ils jeûnent en se privant substantiellement de nourriture selon leur âge et leurs forces, et réservent un temps notable pour la prière » (Bulletin Officiel de la Conférence des évêques de France, n° 30, 28 janvier 1986). La pénitence corporelle sert aussi à expier les péchés et à nous unir à la Passion rédemptrice du Christ (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1505), comme l’enseigne saint Paul : « Je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église » (Colossiens 1, 24).