Tous les sacrements de l’Église sont admirables. Ils sont un don de Dieu à l’homme, et l’accompagnent dans les différentes circonstances de sa vie, seul ou en société. Mais il en est un de singulièrement exceptionnel, d’inattendu dirais-je même, si on le met en rapport avec la façon dont les hommes se comportent envers les délinquants et autres criminels.
Je veux parler du sacrement de la réconciliation, ou confession, par lequel Dieu accorde systématiquement son pardon au pécheur qui vient lui confier ses fautes et lui en demander l’absolution. Et ce, quelles que soient la nature de ces fautes, leur quantité et leur répétition.
C’est absolument fabuleux ! Ce pardon de Dieu n’a aucun équivalent. Il faut vraiment que Dieu aime l’homme pour agir ainsi à son égard.
Un tel Amour, une telle Bonté, devraient nous encourager à avoir régulièrement recours au sacrement de la miséricorde de Dieu, et autant de fois que nécessaire, car, loin de nous repousser, Dieu, qui est notre Père, nous attend les bras grand ouverts pour nous serrer contre son Cœur et se réjouir — lui le premier ! — de pouvoir nous remettre nos dettes.
Jésus a voulu susciter notre admiration pour ce comportement de son Père et notre Père en racontant une parabole, la parabole du fils prodigue (cf. Luc 15, 11-32). Je la résume. Le cadet d’une famille demande à son père sa part d’héritage, qu’il dilapide en menant une vie de débauché dans un pays lointain. Une famine survient alors et, n’ayant plus de quoi vivre, il en est réduit à garder des cochons, sans même avoir le droit de manger un peu des caroubes dont ils se nourrissent.
Cet homme fait un examen de conscience, reconnaît ses fautes et prend le parti de retourner chez son père : « Je vais m’en aller vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le Ciel et à ton endroit ; je ne suis plus digne d’être regardé comme ton fils, mais fais de moi l’un de tes mercenaires » (Luc 15, 18-19).
« Comme il était encore loin, son père l’aperçut » (Luc 15, 20). Cela laisse entendre qu’il se rendait tous les jours sur la route, gardant l’espoir du retour de son fils. Et voilà qu’il arrive… ! Le fils prodigue a préparé son discours, humble. Il s’attend à se voir légitimement reprocher son attitude qui, de plus, a déshonoré sa famille, et à être traité avec sévérité, peut-être même à être rejeté.
Et bien non ! C’est un coup de théâtre formidable qui se produit. Son père le laisse à peine ouvrir la bouche et « dit à ses serviteurs : « Vite, apportez la meilleure robe et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt [l’anneau de la fidélité retrouvée ! ] et des chaussures aux pieds ; amenez le veau gras et tuez-le ; mangeons et festoyons, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé » (Luc 15, 22-24).
La confession est à l’image de ces retrouvailles du fils prodigue avec son père. « Si l’on a perdu le sens des choses de Dieu, il est difficile de comprendre le sacrement de la Pénitence. La confession sacramentelle n’est pas un dialogue humain, mais un colloque divin ; c’est un tribunal de justice, sûr et divin, et surtout un tribunal de miséricorde où siège un juge très aimant qui ne désire pas la mort du pécheur mais veut qu’il se convertisse et vive (Ézéchiel 33, 11) » (saint Josémaria, , n° 78).