14. Les actes intrinsèquement mauvais
« Il est des comportements concrets qu’il est toujours erroné de choisir parce que leur choix comporte un désordre de la volonté, c’est-à-dire un mal moral » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1761). C’est le cas en particulier des actes qui ne peuvent pas être orientés à Dieu, « parce qu’ils sont en contradiction radicale avec le bien de la personne, créée à l’image de Dieu. Ce sont des actes qui, dans la tradition morale de l’Église, ont été appelés « intrinsèquement mauvais » (intrinsece malum) : ils le sont toujours en eux-mêmes, c’est-à-dire indépendamment de leur objet même, indépendamment des intentions ultérieures de celui qui agit et des circonstances » (Jean-Paul II, encyclique "La splendeur de la Vérité" Veritatis splendor, n° 80), autrement dit indépendamment des trois éléments qui permettent de donner la qualification morale d’un acte humain : son objet, l’intention de l’acteur, les circonstances de son déroulement. « Ces actes, s’ils sont accomplis avec une conscience claire et une liberté suffisante, sont toujours des fautes graves » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Réconciliation et pénitence, n° 17).
« S’il est parfois licite de tolérer un moindre mal afin d’éviter un mal plus grand ou de promouvoir un bien plus grand, il n’est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le mal afin qu’il en résulte un bien (cf. Romains 3, 8), c’est-à-dire de prendre comme objet d’un acte positif de la volonté ce qui est intrinsèquement un désordre et par conséquent une chose indigne de la personne humaine, même avec l’intention de sauvegarder ou de promouvoir des biens individuels, familiaux ou sociaux » (Paul VI, encyclique sur La vie humaine, 25 juillet 1968, n°14). C’est là un principe essentiel du comportement moral.
Le concile Vatican II a indiqué les principaux actes moralement mauvais en eux-mêmes : « Tout ce qui s’oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré ; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques ; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes, ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable : toutes ces pratiques et d’autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subissent et insultent gravement l’honneur du Créateur » (constitution pastorale Gaudium et spes, n° 27).
Cette catégorie de péchés prend sa source dans l’enseignement de saint Paul : « Ne vous y trompez pas ! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu » (1 Corinthiens 6, 9-10).
« Si les actes sont intrinsèquement mauvais, une intention bonne ou des circonstances particulières peuvent en atténuer la malice, mais ne peuvent pas la supprimer. Ce sont des actes « irrémédiablement » mauvais ; par eux-mêmes et en eux-mêmes, ils ne peuvent être ordonnés à Dieu et au bien de la personne » (Jean-Paul II, encyclique La splendeur de la vérité, n° 81).
(à suivre…)