La distinction la plus classique est la division en péchés mortels et péchés véniels. « Déjà dans l’Ancien Testament il était dit, à propos de nombreux péchés — ceux qui étaient commis délibérément (cf. Nombres 15, 30), les diverses formes de luxure (cf. Lévitique 18, 26-30), d’idolâtrie (cf. Lévitique 19, 4), de culte des faux dieux (cf. Lévitique 20, 1-17) — que le coupable devait être « éliminé de son peuple », ce qui pouvait aussi signifier condamné à mort (cf. Exode 21, 17). En revanche, d’autres péchés, surtout ceux commis par ignorance, pouvaient être pardonnés grâce à un sacrifice (cf. Lévitique 4, 2 suivants ; 5, 1 suivants ; Nombres 15, 22-29). C’est aussi en se référant à ces textes que l’Église parle constamment, depuis des siècles, de péché mortel et de péché véniel. […] Saint Jean parle d’un péché qui conduit à la mort et l’oppose à un péché qui ne conduit pas à la mort (cf. 1 Jean 5, 16-17). Il est évident que le concept de mort est ici spirituel : il s’agit de perdre la vie véritable ou « vie éternelle » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Réconciliation et pénitence, n° 17). Dans ce contexte, saint Jean se réfère à l’apostasie et à l’idolâtrie. Saint Matthieu, pour sa part, parle d’un « blasphème contre l’Esprit Saint » qui « ne sera pas remis » (Matthieu 12, 31-32).
Quand , « par le péché, l’âme provoque un désordre qui va jusqu’à la séparation d’avec la fin ultime — Dieu — à laquelle elle est liée par la charité, il y a alors péché mortel ; au contraire, toutes les fois que le désordre reste en-deçà de la séparation d’avec Dieu, le péché est véniel » (saint Thomas d’Aquin, Somme théologique I-II, q. 72 a. 5). C’est le seul mal véritable, car tous les autres maux en découlent.
À quelles conditions un péché est-il mortel ?
« Est péché mortel tout péché qui a pour objet une matière grave et qui, de plus, est commis en pleine conscience et de consentement délibéré » (Jean-Paul II, exhortation citée, n° 17). Trois éléments sont donc requis et ce, concurremment.
D’abord une matière grave (par exemple tuer quelqu’un), ce qui veut dire que l’objet moral de l’action qui se réalise est gravement contraire à la Loi de Dieu.
Ensuite, une connaissance plénière (ou advertance plénière de l’entendement) : cela signifie que l’on sait que l’action réalisée est peccamineuse, autrement dit qu’elle est contraire à la Loi de Dieu.
Consentement délibéré (ou parfait) de la volonté enfin, par lequel l’individu veut ouvertement cette action qu’il sait contraire à la Loi de Dieu.
Si une de ces trois conditions fait défaut, le péché peut être véniel (par exemple, lorsque la matière n’est pas grave, bien qu’il y ait advertance plénière ou consentement parfait). Naturellement lorsque l’advertance ou le consentement manque absolument, il n’y a ni péché mortel, ni péché véniel.
Pour qu’il y ait péché mortel, il n’est pas nécessaire de vouloir offenser directement Dieu, c’est-à-dire de se le proposer explicitement : il suffit de vouloir réaliser quelque chose de gravement contraire à ce que Dieu veut. Autrement dit, « avec toute la tradition de l’Église, nous appelons péché mortel l’acte par lequel un homme, librement et consciemment, refuse Dieu, sa loi, l’alliance d’amour que Dieu lui propose, préférant se tourner vers lui-même, vers quelque réalité créée et finie, vers quelque chose de contraire à la volonté de Dieu (conversio ad creaturas). Cela peut se produire d’une manière directe et formelle, comme dans les péchés d’idolâtrie, d’apostasie, d’athéisme ; ou d’une manière qui revient au même comme dans toutes les désobéissances aux commandements de Dieu en matière grave » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Pénitence et réconciliation, n° 17). « Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot « enfer » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1033). « L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, « le feu éternel » (cf. Marc 9, 42, par exemple). La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auxquels il aspire » (Ibid., n° 1035). Tout péché qui n’est pas mortel est véniel. Il peut être commis de propos délibéré, en préférant son égoïsme à l’amour de Dieu ; ou par surprise, légèreté, fragilité, manque de vigilance ou d’énergie pour le repousser, bien qu’on le regrette aussitôt commis. Une autre division des péchés est la suivante : péchés contre Dieu, contre le prochain et contre soi-même ; mais comme l’ordre divin englobe toujours les deux autres, tous les péchés sont toujours contre Dieu. Ils peuvent également être distingués en péchés par pensée, par parole, par action et par omission. La volonté de pécher se manifeste d’ordinaire plus clairement dans les péchés par action. Il est important de prendre conscience de l’existence de péchés purement internes, dont la gravité peut atteindre la qualification de péché mortel si les trois conditions nécessaires à son existence sont réunies. Certains péchés spécialement graves sont assortis de la peine d’excommunication, qui est la peine ecclésiastique la plus sévère. L’excommunication empêche la réception des sacrements et l’exercice de certains actes ecclésiastiques ; de plus, en dehors du danger de mort, seuls le Pape, l’évêque ou des prêtres désignés spécialement par eux, peuvent lever cette peine (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1463). C’est dire qu’en plus de l’absolution des péchés, il faut aussi que l’autorité compétente lève l’excommunication ou en donne la faculté au prêtre qui le lui demande.