Ce processus de retour vers le Père est rendu nécessaire par la présence du mal (voir ) en l’homme. Bien que le péché originel (voir les textes ) ait été effacé dans son âme par le baptême, il conserve en lui l’inclination au mal, le fomes peccati, le « foyer du péché », appelé aussi concupiscence. Il ne faut pas être grand clerc pour reconnaître l’existence du mal en l’homme et, partant, dans le monde.
« Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous abusons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous » (1 Jean 1, 8).
L’histoire du peuple élu, le peuple d’Israël, est une histoire du pardon de Dieu, sans cesse renouvelé à la suite des infidélités réitérées des Hébreux. Le Seigneur Tout-Puissant scelle une Alliance avec son peuple, Alliance à laquelle il se montre résolument fidèle envers et contre tout : « Dieu tient fidèlement toutes ses paroles, et sa sainteté apparaît dans toutes ses œuvres » (Psaume 145 [144], 13). En qualifiant son peuple « d’épouse infidèle », il veut raviver en lui son amour de fiancée : « Je constituerai mon alliance avec toi, et tu sauras que je suis Yahvé, afin que tu te souviennes avec vergogne, et que tu n’ouvres plus la bouche à cause de ta honte, quand je te pardonnerai tout ce que tu as fait » (Ézéquiel 16, 63). C’est l’annonce d’une nouvelle Alliance, « non comme l’alliance que je conclus avec leurs pères le jour où je les saisis par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte. […] Oui, voici l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël […] : Je mettrai ma loi dans leur intime, et sur leur cœur je l’écrirai, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jérémie 31, 32.33). Les péchés du peuple sont déchargés sur le « bouc expiatoire » qui est envoyé chaque année dans le désert (cf. Lévitique 16, 21).
À partir du récit biblique du péché originel (cf. Genèse 3, 1-19) et sur la construction de la tour de Babel (cf. Genèse 11, 1-9), nous pouvons essayer de comprendre le mystère du péché que saint Paul qualifie de mystère d’iniquité (1 Thessaloniciens 2, 7). Tout d’abord, les hommes prétendent « bâtir une cité, former une société, être forts et puissants sans Dieu, même si ce n’était pas à proprement parler contre Dieu ». Le péché comporte donc une exclusion de Dieu, qui n’est « pas tellement sur le mode d’une confrontation avec lui, mais comme l’oubli et l’indifférence à son égard ». L’essence la plus intime du péché apparaît comme étant « la désobéissance à Dieu, à sa loi, à la norme morale qu’il a donnée à l’homme et inscrite dans son cœur, la confirmant et l’achevant par la Révélation. Exclusion de Dieu, rupture avec Dieu, désobéissance à Dieu : c’est ce qu’a été et ce qu’est le péché tout au long de l’histoire humaine, sous des formes diverses qui peuvent aller jusqu’à la négation de Dieu et de son existence : c’est le phénomène de l’athéisme » (Jean-Paul II, exhortation apostolique Réconciliation et pénitence, 2 décembre 1984, n° 14).