Nous avons survolé une partie de la vie de l’Église primitive et de l’intense activité missionnaire qui a été la sienne. Nous avons assisté, en particulier, à l’ouverture de l’évangélisation aux païens, d’abord en la personne d’un Éthiopien, puis en celle du centurion Corneille et de toute sa maison. Nous avons vu ensuite saint Pierre se justifier de cette annonce aux païens et de leur avoir administré le baptême. Par la suite, nous nous sommes intéressés au concile de Jérusalem qui tranche définitivement en faveur de l’accès de tous à la Bonne Nouvelle. Puis, ayant effectué un saut dans le temps et embarquant avec saint Paul, nous l’avons accompagné dans son dernier voyage missionnaire et finalement à Jérusalem, d’où il est conduit prisonnier à Rome. Rome, la capitale de l’empire dans laquelle il n’a de cesse de parler du Christ jour après jour. Nous avons ainsi passé deux jours à l’écoute de la Parole de Dieu. Et nous disons maintenant au Seigneur, au terme de cette retraite : « Seigneur, fais-moi vivre selon ta parole » (Ps 119 [118], 107). « Méditez souvent la parole de Dieu et laissez l’Esprit Saint devenir votre maître », écrit Benoît XVI dans son message pour les Journées mondiales de la jeunesse 2006, qui auront lieu dans les diocèses le dimanche des Rameaux. Et le pontife d’ajouter : « Il convient de prendre au sérieux l’exhortation à considérer la Parole de Dieu comme une « arme » indispensable au combat spirituel ; elle agit efficacement et porte du fruit si nous apprenons à l’écouter pour ensuite lui obéir » [1].
La nouveauté de l’Évangile est proclamée chaque jour, et il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps. La Bonne Nouvelle résonne dans le monde. Et « demain sera comme aujourd’hui », annonce le Seigneur par la bouche du prophète Isaïe. Cette affirmation peut sembler à la fois rassurante et décevante, car elle ne laisse pas entrevoir de grands bouleversements, et paraît même aller l’encontre de notre désir de progrès spirituel et de croissance de l’évangélisation. Mais Dieu s’empresse de préciser sa pensée en ajoutant : Et multo amplius, « mais ce sera encore beaucoup plus » (Is 56, 12). Ce que nous pourrions traduire aussi par : « Ce sera beaucoup mieux encore. » Et là, nous poussons un grand soupir de soulagement et nous nous remplissons de joie et d’espérance, de cette petite sœur que Péguy a magnifiquement exaltée :
« Je suis, dit Dieu, le Seigneur des vertus,
la foi et la lampe du sanctuaire.
qui brûle éternellement.
La Charité est ce grand feu de bois
Que vous allumez dans votre cheminée
Pour que mes amis les pauvres viennent s’y chauffer les soirs d’hiver.
Et autour de la Foi je vois tous mes fidèles
Ensemble agenouillés dans le même geste et la même voix
De la même prière.
Et autour de la Charité je vois tous mes pauvres
Assis en rond autour de ce feu
Et tendant leurs paumes à la chaleur du foyer.
Mais mon espérance est la fleur et le fruit et la feuille et la branche
Et elle est le bourgeon et le bouton de la fleur
De l’éternité même. [2] »
[1] Benoît XVI, Message aux jeunes du monde entier à l’occasion de la XXIe Journée mondiale de la jeunesse, 2006
[2] C. Péguy, « Le Mystère des Saints Innocents », Œuvres poétiques complètes, La Pleïade, p. 744