Le fait que le Christ prenne part à des banquets apparaît comme ayant une signification messianique et comme exprimant la joie annoncée par les prophètes. On le voit à ce qui suit le repas offert par Matthieu au Christ. Les disciples de Jean se scandalisent : « Pourquoi, tandis que nous et pharisiens nous observons le jeûne, vos disciples ne l’observent pas ? » (Marc 2, 18). Le Christ répond : « Les amis de l’Époux peuvent-ils être dans la tristesse tant que l’Époux est avec eux ? » (Marc 2, 19). Ainsi les banquets apparaissent comme l’expression du caractère de joie messianique que provoque la présence du Christ Seigneur.
De plus, Jésus accepte de manger avec les publicains et les pécheurs, montrant par là qu’il détruit la barrière entre ceux-ci et Dieu. Origène rapproche la parabole évangélique du banquet et l’invitation au banquet de la sagesse (cf. Luc 14, 16-21) dans un contexte eucharistique : « L’Église demande aux serviteurs de la parole de l’introduire dans le cellier, c’est-à-dire dans le lieu où la Sagesse a mêlé son vin et invite par ses serviteurs tous ceux qui sont dans l’ignorance en disant : Venez, mangez mon pain et buvez le vin que j’ai mêlé. C’est la Maison du banquet où tous ceux qui viennent de l’Orient et de l’Occident pourront prendre place avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux. C’est dans cette Maison que l’Église et chaque âme désire entrer, en devenant parfaites pour jouir des doctrines de la Sagesse et des mystères de la science comme des délices d’un banquet et de la joie du vin » (Commentaire au Cantique des cantiques 3, PG XIII, 155, cité dans J. Daniélou, Bible et liturgie, Paris, 1950, p. 293).
Le miracle des noces de Cana (cf. Jean 2, 1-12) présente aussi un sens eucharistique et eschatologique : « Le Christ a changé l’eau en vin, qui est apparenté au sang, à Cana de Galilée. Et nous considérerions comme peu digne de foi qu’il ait changé le vin en son sang ! [à la messe] Convié à des noces corporelles, il a accompli ce miracle. Et nous ne confesserions pas bien davantage qu’il a donné aux fils la chambre nuptiale de la jouissance de son corps et de son sang » (saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèses mystagogiques, PL 33, 1107 C). « Les noces de Cana figurent les noces du Christ et de l’Église auxquelles les nations sont conviées, comme le signifie la substitution du vin, symbole de la joie messianique, à l’eau des purifications juives. Et le repas eucharistique est le sacrement de cette participation des nations à ce banquet nuptial » (J. Daniélou, Bible et liturgie, Paris, 1950, p. 297).
Le texte sur l’Eucharistie dans son intégralité