La vertu de religion, qui est une partie de la vertu théologale de charité, dispose l’homme à rendre à Dieu le culte qui lui est dû « comme Dieu, comme le Créateur et le Sauveur, le Seigneur et le Maître de tout ce qui existe, l’Amour infini et miséricordieux » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 2096). L’acte premier de la vertu de religion est l’adoration, qui ne peut s’adresser qu’à Dieu. C’est d’ailleurs le premier des dix commandements : « Un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement ». « L’Église catholique a rendu et continue de rendre ce culte d’adoration qui est dû au sacrement de l’Eucharistie non seulement durant la messe, mais aussi en dehors de sa célébration : en conservant avec le plus grand soin possible les hosties consacrées, en les présentant aux fidèles pour qu’ils les vénèrent avec solennité, en les portant en procession » (Paul VI, encyclique Mysterium fidei, n° 56). « Les saints conciles enseignent comme une tradition de l’Église, remontant aux débuts de son existence, qu’il faut honorer « d’une seule adoration le Verbe de Dieu incarné et sa propre chair » (concile de Constance II ; concile d’Éphèse ; concile de trente, session XIII ; Pie VI, constitution Auctorem fidei, n° 61) » (Pie XII, encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947).
Ce « culte rendu à l’Eucharistie en dehors de la messe est d’une valeur inestimable dans la vie de l’Église » (Jean-Paul II, encyclique L’Église vit de l’Eucharistie, n° 25). Il « jaillit de l’amour et sert l’amour, auquel nous sommes tous appelés en Jésus-Christ » (Jean-Paul II, Lettre aux évêques sur le sacrement de l’Eucharistie, n° 5), créant un style chrétien de vie. « Notre Dieu a décidé de demeurer dans le Tabernacle pour nous alimenter, pour nous fortifier, pour nous diviniser, pour rendre efficace notre tâche et notre effort. Jésus est en même temps le semeur, la semence et le fruit des semailles : il est le Pain de la vie éternelle. […] Il me revient à la mémoire une merveilleuse poésie de Galice, l’une des Complaintes d’Alphonse X le Sage. C’est la légende d’un moine qui, dans sa simplicité, supplia la Vierge Marie de lui laisser contempler le ciel, ne fût-ce qu’un instant. La Vierge accéda à son désir et le bon moine fut transporté au paradis. À son retour, il ne reconnaissait aucun des habitants du monastère : sa prière, bien qu’elle lui eût paru très brève, avait duré trois siècles. Trois siècles, ce n’est rien pour un cœur amoureux. C’est ainsi que je m’explique les deux mille ans d’attente du Seigneur dans l’Eucharistie : c’est l’attente de Dieu, qui aime les hommes, qui nous cherche, qui nous aime tels que nous sommes — limités, égoïstes, inconstants — mais capables de découvrir sa tendresse infinie et de nous donner entièrement à Lui » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 151).
« Ce culte doit apparaître dans chacune de nos rencontres avec le Saint-Sacrement, quand nous visitons nos églises, ou quand les saintes espèces sont portées et administrées aux malades. L’adoration du Christ dans ce sacrement d’amour doit trouver ensuite son expression en diverses formes de dévotion eucharistique : prières personnelles devant le Saint-Sacrement, heures d’adoration, expositions brèves, prolongées, annuelles (quarante heures), bénédictions eucharistiques, processions eucharistiques, congrès eucharistiques » (Jean-Paul II, Lettre à tous les évêques sur le sacrement de l’Eucharistie, 24 février 1980, n° 3). « Ces exercices de piété ont contribué d’une manière étonnante à la foi et à la vie surnaturelle de l’Église militante [les chrétiens qui sont sur terre] ; par cette manière de faire elle répond en quelque sorte à l’Église triomphante [les élus au ciel] qui élève continuellement son hymne de louange à Dieu et à « l’Agneau qui fut immolé » (Apocalypse 5, 12) » (Pie XII, encyclique Mediator Dei, 20 novembre 1947). Le même Pontife indiquait l’utilité de terminer des exercices de piété par la bénédiction du Saint-Sacrement : « Rien de meilleur et de plus fructueux que le geste par lequel le prêtre, levant au ciel le pain des anges à la vue de la foule prosternée, et dessinant avec lui le signe de la croix, demande au Père céleste de vouloir bien jeter avec bienveillance les yeux sur son Fils […] qui voulut être notre Rédempteur et notre Frère, et par médiation, de répandre ses dons célestes sur les hommes rachetés par le sang de l’Agneau immaculé » (Ibid.).
Saint Augustin enjoignait que « personne ne mange cette chair sans l’avoir adorée », ajoutant que non seulement nous ne péchons pas en l’adorant, mais que nous péchons en ne l’adorant pas (Enarrationes in Psalmum 118, 9).
Qu’au cours de la journée, les fidèles « ne négligent point de rendre visite au Saint-Sacrement. […] Car la visite est, envers le Christ Notre-Seigneur, présent en ce lieu, une marque de gratitude, un gage d’amour et un hommage de l’adoration qui lui est due » (Paul VI, encyclique Mysterium fidei).
Il est bon de s’entretenir avec le Seigneur, écrit Jean-Paul II, en faisant part de son expérience personnelle, et « penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jean 13, 25), d’être touchés par l’amour infini de son cœur. […] Comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Bien des fois […] j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! » (encyclique L’Église vit de l’Eucharistie, n° 25).
L’attitude d’adoration et de vénération se manifestera aussi « en fléchissant les genoux ou en nous inclinant profondément » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1378) en présence du Saint-Sacrement.
Le texte sur l’Eucharistie dans son intégralité