Le Seigneur Jésus a fait une annonce de l’Eucharistie dans le discours qu’il a prononcé dans la synagogue de Capharnaüm, le lendemain du jour où il avait réalisé le miracle de la multiplication de quelques pains et de quelques poissons pour nourrir une foule évaluée à cinq mille hommes environ, sans compter les femmes et les enfants (voir Jean 6, 1-15).
Évoquant la nourriture que Dieu a envoyée chaque jour pendant quarante ans au peuple hébreux pérégrinant dans le désert, la manne, ce qui ne les pas empêchés de mourir, Jésus annonce très clairement : « C’est moi qui suis le pain de vie. Celui qui viendra à moi n’aura pas faim, et celui qui croira en moi n’aura jamais soif. » Et non seulement cela, mais « tel est le pain qui descend du ciel que celui qui en mange ne mourra pas ». Et, pour lever toute ambiguïté éventuelle, il précise alors : « C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 35.50-51).
Il revient à la charge : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jean 6, 56). « Comment ne pas se réjouir d’une telle promesse ? Nous avons cependant entendu que, à cette première annonce, les gens, au lieu de se réjouir, commencèrent à discuter et à protester : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » (Jean 6, 52). En vérité, cette attitude s’est répétée de nombreuses autres fois au cours de l’histoire. On dirait que, au fond, les gens ne veulent pas que Dieu soit aussi proche, aussi accessible, aussi actif dans leurs vies. Les gens le veulent grand et, en définitive, nous aussi, souvent, nous le voulons plutôt un peu loin de nous. On soulève alors des questions qui veulent démontrer, en fin de compte, qu’une telle proximité serait impossible. Mais les paroles que le Christ a prononcées en cette circonstance demeurent dans toute leur clarté : « En vérité, en vérité je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous » (Jean 6, 53). En vérité, nous avons besoin d’un Dieu proche. Face au murmure de protestation, Jésus aurait pu se replier sur des paroles rassurantes : « Mes amis, aurait-il pu dire, ne vous inquiétez pas ! J’ai parlé de chair, mais il s’agit seulement d’un symbole. Je ne veux parler que d’une profonde communion de sentiments. » Mais non, Jésus n’a pas eu recours à de telles simplifications. Il a fermement conservé à son affirmation, tout son réalisme, même face à la défection d’un grand nombre de ses disciples (cf. Jean 6, 66). Il s’est même révélé disposé à accepter la défection de ses apôtres eux-mêmes, pour ne pas changer quoi que ce soit à l’aspect concret de son discours : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » (Jean 6, 67), a-t-il demandé. Grâce à Dieu, Pierre a donné une réponse que nous aussi, aujourd’hui, pleinement conscients, nous faisons nôtre : « Seigneur à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68). Nous avons besoin d’un Dieu proche, d’un Dieu qui se remet entre nos mains et qui nous aime » (Benoît XVI, Homélie pour la clôture du 24ème Congrès eucharistique italien, 29 mai 2005).
Le texte sur l’Eucharistie dans son intégralité