Je termine cet exposé sur l’Eucharistie par ce que le pape Jean-Paul II en disait au cours de l’audience générale du 13 juin 1979 : « Il n’est de nation si grande qu’elle n’ait la divinité aussi proche que l’est pour nous notre Dieu par sa présence » (saint Thomas d’Aquin, « Office de la Fête-Dieu »). […] Quel que soit le point de vue dont on part pour s’approcher de ce grand mystère de la foi et de la vie de l’Église, on y découvre toujours quelque chose de nouveau. Non pas que nos paroles révèlent cette nouveauté — celle-ci réside dans le mystère même —, mais toute tentative pour en vivre en esprit de foi apporte une nouvelle lumière, un nouvel émerveillement, une nouvelle joie.
« S’émerveillant de cela, et considérant la sublimité de l’amour divin, le fils du tonnerre s’exclamait : « Dieu a tant aimé le monde » (Jean 3, 16). […] Saint Jean, dis-nous donc en quel sens il l’a tant aimé. Montre-nous tout ce qu’il y a de sublime dans cette mesure, dans cette grandeur. Dieu a tant aimé le monde… » (saint Jean Chrysostome, In cap. Genesis 8).
L’Eucharistie nous rend Dieu merveilleusement proche. C’est le sacrement de sa proximité de l’homme. Dans l’Eucharistie, Dieu est précisément Celui qui a voulu entrer dans l’histoire de l’homme. Il a voulu assumer l’humanité. Il a voulu devenir homme. Le sacrement de son Corps et de son Sang nous rappelle continuellement sa divine humanité. […]
C’est le sacrement de Dieu qui descend vers l’homme, qui s’approche de tout ce qui est humain. C’est le sacrement de la divine « condescendance » (cf. saint Jean Chrysostome, In Genesis homilia 3, 8). […]
« Mange la vie, bois la vie : tu auras la vie, et la vie dans son intégralité » (saint Augustin, Sermones ad populum, série 1, sermon 131, 1, 1).
Par ce sacrement est continuellement annoncée, dans l’histoire de l’homme, la mort qui donne la vie (cf. 1 Corinthiens 11, 26).
Continuellement cela se réalise dans ce sens très simple qu’est le signe du pain et du vin. Dieu y est présent et proche de l’homme, avec la proximité pénétrante de sa mort sur la Croix, dont a jailli la puissance de la Résurrection. Par l’Eucharistie, l’homme participe à cette puissance. […]
Un grand poète (Mickiewicz, Entretiens du soir) a écrit : « Je m’entretiens avec toi qui règnes dans les cieux et en même temps habites en moi… Je m’entretiens avec toi. Les mots me manquent ; ta pensée connaît toutes mes pensées ; tu règnes au loin et tu sers tout près. Tu es roi dans le ciel et sur mon cœur sur la croix. »
Avant de nous approcher de la communion eucharistique, nous récitons en effet le « Notre Père ».
La communion est un lien bilatéral. Il convient donc de dire non seulement que nous recevons le Christ, non seulement que chacun de nous le reçoit sous ce signe eucharistique, mais aussi que le Christ reçoit chacun de nous. Dans ce sacrement, il accepte pour ainsi dire toujours l’homme. Il en a fait son ami, comme il l’a dit au Cénacle : « Vous êtes mes amis » (Jean 15, 14). Cet accueil et l’acceptation de l’homme par le Christ sont un bienfait inouï. L’homme éprouve très profondément le désir d’être accepté. Toute la vie de l’homme tend à cela : être accueilli et accepté par Dieu. C’est ce qu’exprime sacramentellement l’Eucharistie. Et pourtant, comme le dit saint Paul, l’homme doit « s’examiner lui-même » (cf. 1 Corinthiens 11, 28) pour voir s’il est digne d’être accepté par le Christ.
L’Eucharistie est, en un certain sens, un constant défi pour que l’homme s’efforce d’être accepté, pour qu’il adapte sa conscience aux exigences de la très sainte amitié de Dieu ».
Le texte sur l’Eucharistie dans son intégralité