Si Dieu — et donc le Christ — est présent parmi son peuple de différentes manières, il l’est « au plus haut point sous les espèces eucharistiques » (concile Vatican II, constitutionSacrum Concilium), n° 7). Il s’agit d’un mode de présence unique, car, comme l’Église le confesse, dans le très Saint Sacrement de l’Eucharistie sont « contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier » (concile de Trente, cité par le Catéchisme de l’Église catholique, n° 1374).
Autrement dit, dans l’Eucharistie, dans le pain et le vin devenus, par les paroles de la consécration, le Corps et le Sang du Christ, le Christ est présent, le même Christ qui a vécu à Bethléem, en Égypte et à Nazareth, qui a travaillé de ses mains, puis a prêché l’Évangile et réalisé de nombreux miracles, avant de mourir sur la Croix pour racheter le genre humain et de ressusciter de la mort par son propre pouvoir, d’apparaître à ses apôtres et enfin de s’élever au ciel pour rejoindre son Père. C’est ce même Jésus historique, qui est « le même hier, aujourd’hui et à jamais » (Hébreux 13, 8). Cette présence n’est donc pas métaphorique ou imagée. En parlant à ses disciples, le Seigneur « ne dit point : « ceci est le symbole de mon corps et ceci est le symbole de mon sang, mais : ceci est mon corps et ceci est mon sang » (Théodore de Mopsueste, cité par Paul VI, encyclique Mysterium fidei ». Cette présence est dite réelle, « non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas « réelles », mais par excellence parce qu’elle est substantielle, et que par elle le Christ, Dieu et homme, se rend présent tout entier » (Paul VI, Ibid., n° 39).
Présence réelle mais invisible. Nous la connaissons par la foi et, peut-on ajouter, par expérience aussi. C’est ce que disait le saint curé d’Ars : « Il n’y a pas sujet de doute que Notre Seigneur est dans la Sainte Eucharistie, on sait bien qu’il y est, on le sent bien » (cité dans Catherine Lassagne, Le curé d’Ars au quotidien par un témoin privilégié, Paris, 2003, p. 79).
Cette présence est de l’ordre du salut : elle existe pour être le sacrement de l’union des baptisés au Christ Sauveur. C’est la présence de Celui qui apporte le Salut, qui est à la fois « Dieu parfait et homme parfait » (Symbole ou profession de foi d’Athanase). C’est non seulement la présence de Celui qui s’offre au Père pour les hommes et les femmes de tous les temps, « le symbolisme eucharistique, avec sa fonction révélatrice, veut que la présence du Seigneur soit plus qu’une présence d’offrande mais s’achève dans une relation vraie de Personne à personne. Qui dit présence vraie dit communion. La foi des croyants est le don de l’Esprit permettant au Seigneur réellement présent dans le sacrement d’être en vérité présent comme Pain de vie et coupe de l’Alliance effectivement salvifiques » (J.-M. Tillard, « Théologie. Voix catholique. La communion à la Pâque du Seigneur », Eucharistia. Encyclopédie de l’Eucharistie, p. 405).
Cette présence eucharistique dure depuis le moment de la consécration du pain et du vin aussi longtemps que les espèces eucharistiques subsistent. C’est-à-dire une dizaine de minutes en celui qui a communié (d’où l’utilité de l’action de grâces dont il sera question au n° 23 de cet exposé sur l’Eucharistie), ou lorsque l’Eucharistie est réservée dans le tabernacle.
Une particularité de cette présence sacramentelle est que « le Christ est totalement et intégralement sous l’espèce du pain et sous n’importe quelle partie de cette espèce ; il est de même totalement présent sous l’espèce du vin et sous les parties de celle-ci » (concile de Trente). C’est pourquoi le prêtre purifie la patène, le ciboire et le calice à la fin de la messe.
Le texte sur l’Eucharistie dans son intégralité